
pourquoi personne ne dit non à Google ? Il y a bien ceux qui le traitent de tous les noms, ceux qui lui demandent de l’argent, ceux qui veulent une compensation technologique, etc. Mais personne ne dit tout simplement : non merci. Remballez votre accord, éliminez les œuvres françaises dont vous n’avez pas les droits et allez vendre votre camelote ailleurs…
Car à bien y regarder, il n’y a pas de véritable urgence à numériser le fond patrimonial francophone...
...Alors où est l’urgence ?
Elle se trouve justement dans le domaine commercial et industriel. Les grands groupes d’édition français ont parfaitement négligé la mise en route du programme de numérisation de Google en 2004. Et ils se sont confortés dans l’idée que le livre papier était là pour durer encore 2 000 ans de plus. Et que seuls une poignée de geeks seraient concernés par ce projet. Donc pas de danger. La reprographie n’avait pas tué le livre, Google Books n’aurait pas plus de chance… Mais voilà, les gens de Google ne sont pas nés de la dernière pluie. Cherchant à monétiser au maximum leur investissement à moyen et long terme, ils ont commencé par le domaine public, incluant les œuvres orphelines et une quantité importante d’ouvrages rares ou confidentiels et plutôt recherchés. Sur les uns personne n’aurait rien à dire. Sur les autres les lecteurs avertis seraient les premiers à acclamer le géant du Web. Et la poignée de geeks, par un prompt renfort, est ainsi devenue légion...
En seulement cinq ans, Google a été capable de formuler une offre non-payante capable de drainer une grande partie du public des lecteurs professionnels et/ou assidus dans un monde occidental où la lecture est en lente érosion. Les maisons d’édition de livres (et pas les groupes de communication et de marketing, type Reed Elsevier) se sont retrouvées comme la cigale de La Fontaine. Démunis devant une concurrence massive et partout présente sur leur terrain à un tarif imbattable…
...Alors on peut invoquer la paranoïa de la surveillance, pleurer sur le sort de l’édition de masse, se crisper sur le droit d’auteur, mais la réalité est brutale et incontournable : Google Books emporte le morceau sur la numérisation...