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Pourquoi parle-t-on bien plus du changement climatique que de l’érosion de la biodiversité ?
Article mis en ligne le 9 mars 2018

 Une étude de chercheurs franco-canadiens montre une différence importante de traitement médiatique entre les enjeux liés au changement climatique et ceux liés à l’érosion de la biodiversité.
 Plusieurs événements institutionnalisés, largement relayés par les médias, existent aujourd’hui autour du changement climatique. La survenue d’évènements climatiques extrêmes renvoie aussi régulièrement à cette problématique.
 Les enjeux de biodiversités portent plus sur des enjeux locaux sur lesquels il n’est pas toujours simple de sensibiliser l’opinion publique.

(...) l’Ipbes (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques). L’instance se réunira en congrès à compter du 17 mars à Medellin (Colombie) pour présenter cinq rapports d’évaluation des connaissances sur l’état de la biodiversité et les mesures permettant sa protection.

La couverture du changement climatique jusqu’à huit fois plus élevée
L’événement a jusqu’à présent été peu relayé par les politiques et les médias. Un cas d’école ? Une équipe de chercheurs franco-canadiens, emmenée par Pierre Legagneux, chercheur au Centre d’études biologiques de Chizé, s’est récemment penchée sur les différences de couverture par les médias des enjeux liés au changement climatique et ceux liés à la préservation de la biodiversité. (...)

Certes, depuis 2006, le nombre de publications scientifiques liées au changement climatique a augmenté bien plus rapidement que le nombre de publications liées à la biodiversité, note l’étude. Mais pas de quoi pour autant expliquer un tel écart dans le traitement médiatique. Les chercheurs émettent alors plusieurs hypothèses. Celle notamment de la multiplication d’événements qui mettent la question du changement climatique au cœur de l’actualité. Des rendez-vous institutionnalisés comme les COP (Conférences sur le climat des Nations Unies), les plénières du Giec ou encore le « One planet summit » tenu le 12 décembre dernier à Paris. Mais aussi des catastrophes naturelles et des événements météorologiques extrêmes. La série d’ouragans dans les Antilles à la fin de l’été dernier ou même la vague de froid qui a traversé l’Europe ou les Etats-Unis ont été l’occasion une nouvelle fois de questionner le changement climatique, voire de remettre en cause sa réalité.

« L’attention portée au changement climatique n’a augmenté que 10 à 15 ans après la création du Giec », rappelle toutefois l’étude. L’Ipbes, créé 20 ans après le Giec, est encore tout jeune. « Elle n’a un chargé de communication à plein temps que depuis l’an dernier seulement », indique Jean-François Silvain, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).

Problème global versus problèmes locaux

Mais tout ne se résume pas non plus à des stratégies de communication. Il y aurait aussi une plus grande difficulté à sensibiliser l’opinion publique sur l’altération de la biodiversité. Les effets du changement climatique sont globaux […], largement dus aux émissions de gaz à effet de serre et ressentis directement par le public, pointe l’étude. À l’inverse, les mécanismes impliqués dans la biodiversité sont locaux et ne deviennent un problème global que lorsqu’on les additionne. (...)

L’étude menée par Pierre Legagneux incite à créer plus d’événements médiatiques autour des découvertes scientifiques à venir sur la biodiversité. Elle préconise aussi de s’inspirer d’autres outils déjà utilisés pour communiquer sur le changement climatique. Utiliser des métaphores (comme « la bibliothèque de la vie en flamme ») ou des icônes (l’ours polaire par exemple) pour parler de la perte de biodiversité.

Une autre piste serait de favoriser le dialogue et la réflexion entre experts et non-experts plutôt qu’une communication unilatérale et descendante ou encore de multiplier les projets de science citoyenne, « utile pour reconnecter le public à la nature et en rappeler sa valeur et ses bénéfices ».