À Bruxelles, le gouvernement français s’oppose à l’interdiction de l’importation d’huile de palme. En France, il autorise la « bioraffinerie » de Total à La Mède, qui va augmenter de moitié les importations de cette huile aux conséquences désastreuses sur les forêts tropicales et le climat mondial.
Feu vert pour la « bioraffinerie » Total de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône. C’est ce qu’a décidé la préfecture avec l’assentiment du ministère de la Transition écologique et solidaire, ce mercredi 16 mai. La production de 500.000 tonnes de « biodiesel » devrait donc démarrer à l’été. Pourtant, le projet, parce qu’il va induire une importation massive d’huile de palme, suscite de sérieuses inquiétudes à cause de ses conséquences sur la déforestation des forêts tropicales. Pourtant, le ministre Nicolas Hulot s’était prononcé à l’été 2017, lors de la présentation de son plan climat, pour la fin des importations de produits agricoles ou forestiers contribuant à la déforestation des « trois plus grandes forêts tropicales du monde ». « La déforestation est responsable de 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales », avait-il alors considéré.
L’huile de palme, un produit miracle pour les industriels : peu cher et facile à transformer. Source de graves atteintes à l’environnement, il perd de plus en plus de crédibilité auprès des consommateurs. (...)
L’Indonésie et la Malaisie sont les principaux producteurs d’huile de palme. Dans ces pays, une déforestation massive conduit au remplacement de la forêt tropicale par des plantations de palmiers à huile. Des plantations prennent également place sur les tourbières, des écosystèmes d’une grande biodiversité et qu’il est nécessaire de sauvegarder face à l’enjeu climatique car ils captent une grande part du carbone qui ne finit pas en gaz à effet de serre.
« Un chèque en blanc pour Total »
Le site industriel des Bouches-du-Rhône fera « bondir les importations françaises d’huile de palme de 64 % », avertissaient Greenpeace et Les Amis de la Terre, le 19 avril.(...)
L’Union européenne pourrait interdire toute utilisation de l’huile de palme dans les carburants
Ce mercredi 16 mai, Nicolas Hulot a répondu à une question sur le projet de La Mède dans la matinale de BFM et RMC. « Je leur demande, j’ai eu [le PDG de Total, Patrick] Pouyanné, de réduire au maximum l’utilisation d’huile de palme […] et d’essayer d’année en année de réduire la part d’huile de palme et d’augmenter la part d’huiles usagées. Je ne peux pas leur demander, alors qu’ils ont fait ces efforts et ces investissements, de renoncer », a-t-il fait valoir. « Mais on ne peut pas avoir tout du jour au lendemain. La tendance, irréversible, de s’affranchir des huiles de palme et d’éviter la déforestation importée, celle-là, on ne reviendra pas en arrière. À terme, l’Europe prendra évidemment ses responsabilités… dans les années qui viennent », a prophétisé ensuite Nicolas Hulot.
En vertu des objectifs de la COP21 sur les émissions de gaz à effet de serre, l’Union européenne pourrait interdire toute utilisation de l’huile de palme dans les carburants. Le sujet fait débat dans le cadre des négociations de la directive sur les énergies renouvelables qui se mènent d’ici à l’été. (...)
Si les importations venaient à se tarir, la Malaisie menace de ne pas acheter 18 avions Rafale, comme l’indiquait L’Usine nouvelle en mars au profit d’un concurrent britannique. De fait, il y avait divergence entre Nicolas Hulot et Florence Parly, la ministre de la Défense. Les considérations commerciales semblent l’avoir emporté sur les considérations écologiques. (...)