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rue 89/Nouvel Observateur
Pour une « révolution » climatique afin de sauver le Tibet
Article mis en ligne le 16 juin 2014
dernière modification le 11 juin 2014

Je suis né dans une famille nomade d’un coin reculé du Tibet oriental. Étant donné que nous étions des éleveurs, nos déplacements étaient réglés par les conditions climatiques, les ressources en eau et l’état du sol.

Ma famille vivait du terroir de manière très simple et très frugale. L’idée de détenir des terres et de traiter la nature comme une propriété nous était étrangère.

Nous vivions dépourvus des facilités du monde moderne et n’avions que très peu de possessions, mais ma famille et ma communauté étaient heureuses et satisfaites. (...)

Le pays de mon enfance – le Tibet – est appelé le « Troisième Pôle » du fait qu’il recèle les plus grandes réserves d’eau et de glace après l’Arctique et l’Antarctique.

Cet écosystème, qui constitue le plus haut et le plus vaste plateau du monde, est la source des principales rivières de l’Asie, notamment le Gange, le Bhramapoutre, le Mékong et le Yangtsé, rivières qui fournissent l’eau de près d’un cinquième de la population mondiale.

Dans mon pays d’adoption, l’Inde, elles apportent l’irrigation et l’eau potable à des centaines de millions de gens.

Les scientifiques nous disent que la température moyenne du plateau tibétain s’élève à une vitesse deux fois plus rapide que le reste du monde : 0,2° tous les dix ans depuis plus d’un demi-siècle. Il en découle que les glaciers du Tibet fondent rapidement, ce qui risque d’entraîner des effets catastrophiques pour la plupart des pays d’Asie continentale.

Le changement climatique est un des plus grands défis auxquels les êtres vivants sont confrontés. Si nous ne trouvons pas le moyen de vivre en harmonie avec notre environnement, nous devrons tous en subir les conséquences, où que nous vivions.

Qui recevra les centaines de millions de réfugiés du changement de climat ? (...)

Il est important de prêter sérieusement attention au Tibet dans le cadre des discussions sur le changement climatique. En accord avec le message du dalaï lama sur la protection de l’environnement et l’interdépendance, la coopération entre les représentants des nomades tibétains aussi bien que des scientifiques chinois et des émissaires des nations en val qui dépendent de l’eau du Tibet est cruciale.

La nature même de la vie est interdépendance. Il nous est impossible de prendre la moindre bouffée d’air sans l’oxygène que fournissent les arbres lorsqu’ils respirent, ni de manger un seul repas sans l’azote du sol qui nourrit les plantes.

Bien que je ne sois qu’un moine et très peu formé dans les sciences de l’environnement, je suis toujours frappé de voir tout ce qu’elles ont en commun avec le bouddhisme, notamment la compréhension de ce que l’animé et l’inanimé font partie d’un tout et sont mutuellement dépendants en tant que facteurs permettant l’émergence de la vie.

Si nous pouvions vivre pleinement conscients de cette interdépendance, il ne fait aucun doute que nous prendrions soin de la terre autant qu’elle prend soin de nous.

Nous pouvons nous sentir découragés lorsque nous voyons que les discussions internationales sur le changement climatique n’ont jusqu’à présent pas apporté de solution.

Cependant, je mets un grand espoir dans la participation grandissante de peuples du monde entier. (...)

Pour que nous devenions une planète viable, une révolution est nécessaire dans notre pensée et notre comportement. Le temps de cette révolution est maintenant venu.