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Pour sauver la vie sauvage, il faut lui réserver… la moitié de la Terre
Half-Earth. Our Planet’s Fight for Life, par Edward O. Wilson, éditions W.W. Norton & Company, 272 p., 24 € ou 16 € pour l’édition de poche, à paraître le 16 mai en Europe.
Article mis en ligne le 29 mars 2017
dernière modification le 21 mars 2017

Pour remédier d’urgence à la disparition de la biodiversité, le biologiste et naturaliste E.O. Wilson nourrit un projet ambitieux : réserver la moitié de la Terre à la vie sauvage. Il explique comment relever ce défi dans son livre « Half-Earth, Our Planet Fight for Life », soit « une demi-Terre, le combat de notre planète pour sa vie ».

Surpopulation, épuisement des ressources, destructions des milieux naturels, étalement urbain, changement climatique… Si l’on admet que l’humanité ne peut survivre sans une biosphère, il faudrait trouver une solution au problème de sa rapide disparition. Wilson constate, comme Elizabeth Kolbert que « la sixième extinction massive du vivant est en cours, conséquence de l’action des hommes », et que tout cela ne fait que s’accélérer.

Grand défenseur de la nature, E.O. Wilson, 87 ans, est coutumier des positions controversées. Myrmécologue (spécialiste des fourmis), il avait contribué à découvrir comment ces insectes communiquent grâce aux phéromones. (...)

« Sauvegarder une demi-Terre n’est qu’une première solution d’urgence »

Constatant que l’humanité vit à l’ère de l’anthropocène, il ne croit pas, au contraire de certains scientifiques, que la planète est déjà transformée au-delà de toute réparation possible, et qu’il ne nous reste plus qu’à nous y adapter. La position des « enthousiastes de l’anthropocène » est en partie vraie, admet-il, puisque « la croissance et le développement produits par la révolution industrielle ont bien fait exploser la population et disparaître la biodiversité ». Mais Wilson méprise leur enthousiasme technologique, car, pour la plupart, dit-il, ils n’y connaissent rien, et il cite Alexander von Humboldt : « La vision du monde la plus dangereuse est celle de ceux qui n’ont jamais vu le monde ! » En effet, même les meilleurs des chercheurs ne savent encore presque rien du fonctionnement des écosystèmes que l’action humaine détruit si rapidement. Il faut donc se méfier des solutions faciles… et respecter les interactions mystérieuses du vivant. (...)

« Il est tout à fait raisonnable, écrit-il, d’envisager un réseau global de zones protégées pour la biodiversité, sur la moitié de la surface terrestre. » Il précise, dans un article qu’il signa fin décembre 2016, dans le magazine Sierra : « Ce n’est qu’en réservant la moitié de la surface de la planète à la nature que nous pouvons espérer sauver l’immensité des formes de vie qui la composent. À moins que l’humanité en apprenne beaucoup plus sur la biodiversité globale et agisse rapidement pour la protéger, nous perdrons bientôt la plupart des espèces qui composent la vie sur Terre. Ma proposition de sauvegarder une demi-Terre n’est qu’une première solution d’urgence, proportionnelle à l’ampleur du problème. En gardant la moitié de la planète en réserve, nous pourrions sauver la partie vivante de l’environnement et atteindre la stabilisation nécessaire à notre propre survie. » Il ne préconise pas d’exclure les populations qui vivent et dépendent des ressources naturelles dans les zones sauvages du monde, mais de gérer celles-ci de manière à garder vivant leur patrimoine de biodiversité, y compris dans des zones marines protégées où aucune pêche ne serait permise. (...)

Les humains seront-ils à la hauteur de la confiance que Wilson place en eux ? C’est un combat. (...)