Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Mediapart
Pour réformer les lycées professionnels, le pari de la concertation ne fait pas que des heureux
#educationnationale #lyceeProfessionnel
Article mis en ligne le 10 novembre 2022
dernière modification le 9 novembre 2022

La voie de la concertation choisie pour mener la réforme du lycée professionnel déconcerte. Selon l’entourage de la ministre déléguée Carole Grandjean, tout est « ouvert » et des « investissements massifs » pourraient être mis sur la table. Dans le monde enseignant, certains veulent tenter le coup, d’autres ont déjà claqué la porte, échaudés par les précédents et les annonces hâtives du président de la République.

Cela commence dès le lundi 7 novembre et la méthode sera « totalement nouvelle ». Afin de déminer l’hostilité grandissante – une nouvelle journée de grève enseignante s’annonce pour le 17 novembre 2022 –, la ministre déléguée Carole Grandjean, placée sous la double tutelle des ministères de l’éducation nationale et du travail, ouvre une série de concertations nationales. L’objectif ? Tracer les contours de la réforme du lycée professionnel. (...)

Quatre groupes de travail, consacrés respectivement au décrochage, à la poursuite d’études, à l’insertion professionnelle et à une autonomie accrue des établissements, devraient permettre de définir les changements à venir. Ils rassemblent les principaux acteurs de la voie professionnelle : personnel de l’éducation nationale, membres de la communauté éducative, élu·es régionaux (la formation et l’emploi sont des compétences des Régions) mais également représentant·es du patronat et des branches. Rien cependant n’assure que ces différentes visions convergent.

« Il n’y a aucun tabou, aucune solution prédéfinie, on demande simplement aux uns et aux autres de laisser les postures au vestiaire et de se mettre au travail, assure l’entourage de la ministre. Tout ce que l’on dit, c’est qu’on ne peut pas se satisfaire que deux tiers des décrocheurs viennent du lycée professionnel, et qu’il y ait un tel taux d’échecs en poursuite d’études dans le supérieur pour les bacs pro. »

Le côté tabula rasa pourrait séduire, si le président de la République n’avait pas lui-même ouvert le bal des solutions clés en main, il y a deux mois. Dès la rentrée scolaire, Emmanuel Macron annonçait en grande pompe depuis la Vendée un doublement des temps de stage pour les élèves en lycée professionnel ainsi qu’une refonte profonde des filières, pour les « réarrimer en profondeur » avec le marché du travail. (...)

Par ces propos, le président a ranimé la crainte lancinante des enseignant·es de lycée professionnel que l’on forme leurs élèves dans les entreprises davantage qu’en salle de classe ou en atelier, dans une pratique quasi jumelle de celle de l’apprentissage.

« Macron a laissé croire à la solution miracle de l’entreprise, comme d’habitude, au lieu de simplement poser un diagnostic, ce qui nous pose un gros problème », confirme le secrétaire national du syndicat enseignant SGEN-CFDT, Sylvain Berthaud.
Les uns restent pour voir, les autres sont déjà partis (...)

Au moins deux organisations syndicales, majoritaires (le SNETAA-FO et le SNUEP-FSU), ont quant à elles quitté la table, juste après l’assemblée plénière d’installation de la concertation le 21 octobre. (...)

D’autres iront, la méfiance en bandoulière, potentiellement « perdant-perdant », selon la formule de Jean-Rémi Girard du syndicat enseignant Snalc. (...)

Code du travail, chômage, retraite, chacun des grands chantiers sociaux lancés depuis cinq ans a eu le droit à sa table ronde, son grand débat ou ses groupes de travail. Pour finir parfois dans le cul-de-sac de réformes adoptées aux forceps. (...)

Le silence très remarqué du ministre de l’éducation, Pap Ndiaye, sur le sujet des lycées professionnels, n’aide pas à savoir de quel côté penchera le manche, du côté du travail ou de l’éducation nationale, et avec quel financement. (...)