
Un rassemblement aura lieu, le samedi 1er décembre 2012 à 14H00 devant le 555 de la rue Gabriel Péri à Colombes, pour rendre hommage à Mahamadou Marega, tué par la police, et réclamer vérité et justice. En guise d’appel à ce rassemblement, le texte qui suit revient sur les conditions de la mort de Mahamadou Marega, et sur la chape de silence politique et d’invisibilité médiatique qui a suivi. Il a été écrit le 4 décembre 2010, à un moment où, dans les entrefilets qu’ils y consacraient, les grands médias privaient le défunt de visage et d’identité, et le rebaptisaient « Malien » ou « Sans-papiers » – ce que firent encore Le Monde et Libération quatre semaines plus tard, dans leurs brefs articles annonçant l’ouverture d’une information judiciaire [1], alors que son nom et son visage étaient désormais connus.
(...) De cette mise à mort barbare tout juste déplorée le mardi 30 novembre à 20H20 et oubliée dès le lendemain, il importe donc de se souvenir. Il importe de rappeler que ce n’est pas d’un « forcené malien » qu’il s’agit mais d’un homme, qui n’était pas que malien et qui n’était pas du tout « un forcené ». Qu’il n’a pas été « neutralisé » mais tué. Qu’il n’est pas « mort d’asphyxie » mais a été gazé et électrocuté. Que les coupables ne se nomment ni « Pas de chance » ni « Taser » mais Police nationale, Hortefeux, Sarkozy, et surtout « Maîtrise des flux migratoires ». Que sont en cause non seulement « 50000 volts » mais aussi « 25000 reconduites à la frontière ». Que ce n’est donc pas un « fait divers » mais une affaire d’État.
Il faudra du temps et des luttes pour imposer ces mots, rétablir cette vérité, rendre justice. Dans l’immédiat, que repose en paix le Malien sans nom et sans visage, et à ses parents et ami-e-s sans existence médiatique, toutes nos condoléances.