Des myriades de pavillons individuels sont construits chaque année et dévorent les espaces naturels. Pour préserver le climat et la biodiversité, des alternatives aux maisons neuves existent : utiliser les logements vacants, promouvoir les habitats collectifs... Reporterre a mené l’enquête, en quatre volets.
[1/4 — Pour l’écologie, en finir avec la « maison avec jardin »] De nouveaux pavillons individuels sont construits chaque année et grignotent les espaces naturels. Pour préserver le climat et la biodiversité, des alternatives aux maisons neuves existent : utiliser les logements vacants, promouvoir les habitats collectifs...
« Le modèle à l’ancienne du pavillon avec jardin dont on peut faire le tour n’est plus soutenable et nous mène à une impasse » ; « Ce modèle d’urbanisation qui consacre à chaque espace une fonction unique, qui dépend de la voiture pour les relier, constitue une impasse écologique, économique et sociale. » Avec ces mots, prononcés en octobre 2021 lors d’un discours consacré à la consultation citoyenne « Habiter la France de demain », Emmanuelle Wargon — la secrétaire d’État à la Transition écologique, chargée du Logement — a provoqué des réactions agacées chez certains professionnels de la construction. Elle a sûrement également contrarié de nombreuses Françaises et Français, qui aspirent pour la plupart à vivre dans une maison individuelle. Selon la consultation en ligne organisée par le gouvernement en 2021, plus de 80 % des répondants souhaiteraient habiter dans une maison individuelle s’ils avaient le choix, contre 15 % en appartement.
Selon la Fédération française du bâtiment, entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2021, les ventes de maisons neuves ont progressé de 16,3 % et les délivrances de permis de construire ont augmenté de 18,3 %. Sachant qu’aujourd’hui, plus de la moitié des logements en France sont déjà des logements individuels, faut-il continuer à en construire ? (...)
Au-delà de l’emprise des bâtiments sur le sol, l’étalement urbain, c’est-à-dire l’extension des surfaces urbanisées, nécessite d’étendre les réseaux pour l’eau, l’électricité, et le ramassage des ordures. Cela a de nombreuses conséquences négatives sur l’environnement. (...)
Les élus misent toujours sur la construction de logements neufs
Malgré les effets néfastes connus de l’étalement urbain, de nombreux élus continuent de miser sur des constructions pour attirer de nouvelles populations. (...)
La tendance à l’artificialisation tient aussi au fait que « les agriculteurs ont trop souvent intérêt à vendre un petit bout de leurs terres lorsqu’ils partent à la retraite », explique Julien Fosse, biologiste, qui a participé à la rédaction du rapport de cette association. Quand les terres deviennent constructibles, leur coût grimpe en flèche, multiplié parfois jusqu’à par dix. « Il faudrait remettre à plat la question de la transmission du foncier agricole », estime-t-il. (...)
Du côté des acheteurs, le rêve de la maison avec jardin est alimenté par de nombreuses incitations financières et sociales. (...)
Depuis plusieurs années, différentes lois tentent de freiner la consommation d’espaces naturels. La dernière en date, la loi Climat, fixe un objectif de zéro artificialisation nette des sols en 2050. Reste à savoir comment va se mettre en place cette nouvelle réglementation. (...)