
« Il va mourir plus vite, en moins bonne condition et avec malheureusement (...) des douleurs qui nécessiteront d’autres médicaments dont je ne sais pas s’ils seront à (sa) disposition. C’est dramatique, inacceptable. » La pédiatre Isabelle Kieffer a de quoi être pessimiste. L’état d’Ardi, jeune Kosovar polyhandicapé expulsé de l’Hexagone en 2010, s’aggrave (voir la vidéo ci-dessous, réalisée par le comité de soutien). Et c’est justement pour remédier à cette situation que l’adolescent vient d’obtenir un visa pour la France. Un retour effectué le 28 juillet dernier, après plus d’un an de bataille
Associations, voisinage et personnel soignant peuvent se réjouir ! Quinze mois après leur expulsion, Ardi Vrenezi, ses parents, sa sœur et son frère sont revenus sur le sol français. Une décision rare de la part de l’Etat français qui a agi en toute discrétion. Aucune information n’a filtré. Les médias sont restés à l’écart. Même l’hôpital Bon-Secours de Metz ne savait pas la date exacte de l’arrivée du jeune Kosovar. A croire que le gouvernement n’aime pas s’étendre sur ses erreurs.
Car il s’agit bien d’une erreur de jugement. Pour Isabelle Kieffer, il ne faut chercher « aucune bonté d’âme » dans cette décision. Le gouvernement devait simplement réparer sa « grosse faute » avant que l’affaire ne soit traînée devant la justice. Richard Moyon, membre de Réseau éducation sans frontières (RESF), va même plus loin, en parlant d’une « gifle magistrale » prise par « la stasi et la sarkozie ». (...)
Dès son arrivée le 28 juillet, Ardi est hospitalisé une semaine à l’hôpital Bon-Secours de Metz. Il pèse « 16 kilos de moins » et présente une « régression neurologique importante ». « Ce n’est plus du tout le même gamin », constate Isabelle Kieffer, qui a pu rendre visite au garçon. (...)
Mardi 9 août, la pédiatre et le président de l’APF se sont rendus sur place pour juger de l’état d’Ardi. Dans une lettre publiée sur le site de RESF, Isabelle Kieffer fait le compte-rendu de cette visite. Le jeune Kosovar est « très fatigué » mais le centre est « parfaitement adapté aux besoins de l’adolescent ». Point négatif : Ardi est contraint d’être interne car sa famille est logée à 30 km de l’IME, dans la banlieue de Metz. Aucun transport en commun ne relie les deux endroits.
Cette prise en charge est certes positive mais Isabelle Kieffer ne peut s’empêcher d’être pessimiste. La pédiatre confiait à Mediapart début août qu’il semblait impossible qu’Ardi retrouve son état d’avant l’expulsion. « Il faut rappeler que c’est une maladie progressive. Ce gamin est condamné à mourir. » (...)
La famille Vrenezi n’a en effet obtenu qu’un visa de tourisme de trois mois, et non un visa "vie privée et familiale". Au ministère de l’intérieur, on précise que la situation sera étudiée « le moment venu et en fonction de l’évolution ». Une explication qui laisse perplexe sachant que la maladie de l’adolescent ne se guérit pas. (...)
Il y a actuellement en France 28.000 personnes qui bénéficient d’un titre de séjour pour soin, soit 0,8% des étrangers vivant en France. Un chiffre tout à fait « dérisoire » pour Caroline Izambert révélant « un acharnement législatif complètement disproportionné par rapport à la réalité ». Un chiffre qui risque de baisser puisqu’il devient « toujours plus difficile d’obtenir ce titre de séjour et de le faire renouveler ». Le cas d’Ardi n’est donc pas isolé.