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Greek Crisis
Poisson laïque
Article mis en ligne le 4 mars 2018

Sous les pavés, la rage ! Au pays réel des apparences, on y percevrait l’indifférence, l’apathie, voire l’ataraxie. Étonnante alors pente glissante car nous y sommes, glissement de sens, dérapage des faits, la société même en dislocation grammaticale. Le tout, sous la “la gouvernance” la plus cynique et inique que la Grèce ait connu de toute son histoire depuis pratiquement le temps des Colonels. Faits ainsi divers du moment, casseurs à répétition au centre-ville d’Athènes, manifestants éplorés, enseignants assommés par les forces de l’ordre, et depuis quelques heures, deux militaires de l’armée grecque capturés par les forces turques sur la frontière en Thrace... le Printemps !

Dans la vraie vie restante, les Grecs achètent encore parfois leur poisson directement auprès des caïques (embarcations traditionnelles en bois), et poisson abondant ou pas, les discussions entre eux, peuvent être alors bien animées par les temps qui courent. Il faut ainsi comprendre, que jamais la rupture entre les gouvernés et les gouvernants n’a été aussi abyssale que des nos jours.

Et depuis quelques mois, même les observateurs des faits et gestes actuels (et indéniables), tous chroniqueurs des medias systémiques (mais demeurés honnêtes), ne mâchent plus leurs mots (ou maux), à l’instar de Yórgos Kostoulas, ancien financier et analyste au média capital.gr (2 mars 2018) lorsqu’il écrit :

“Toute cette récente fièvre macédonienne (les deux grands rassemblements patriotiques du mois de février dernier ayant réuni à Thessalonique et à Athènes plus d’un million de personnes), a ainsi révélé combien et comment la conscience nationale demeure tous comptes faits active, et cela, pour une très large part de la société. D’autant plus, que cette désormais évidence, laisse entrevoir une rupture alors beaucoup plus profonde.”

“La réalité d’une telle fracture c’est que dans cette même portion, la société se montre désormais plutôt fatiguée, incontestablement fatiguée de tout. Autrement-dit, ces gens ont complètement épuisé leur dernière tolérance à l’égard du conformisme technocratique, ou encore, face à l’épuration volontaire du discours public (celui des politiciens) de tout ce qui peut réellement concerner la vie concrète pour de millions de citoyens.” (...)

"ces élites ne peuvent percevoir le pays, autrement que par l’unique regard de l’étranger. Leur raisonnement, tout comme leurs actions sur le terrain sont de ce point de vue hétéronomes, suscitées même depuis l’étranger, et pour tout dire, profondément homogénéisées.” (...)

Signe des temps, pour chaque déplacement d’Alexis Tsipras en Grèce, un important cordon policier barre toujours la route aux manifestants, comme ce fut le cas fin février à Tripoli, dans le Péloponnèse. Pourtant, le principal concerné (Tsipras), n’a pas l’air de comprendre vraiment dans quel monde (d’en bas) se trouve-t-il parfois, même si son contact avec la réalité n’est finalement qu’épidermique.

La petite et grande criminalité atteint de nouveau son... sommet de la gloire, et la nouvelle trouvaille des voleurs forcément d’en bas, consiste à attaquer désormais aussi, les petites scènes théâtrales du centre d’Athènes, dérobant de la sorte les bien maigres recettes de la soirée, et autant parfois, une bonne partie... de la bibliothèque du théâtre. Les comédiens, le plus souvent si peu rémunérés, et/ou parfois uniquement en tickets restaurant, histoire de nourrir l’estomac... plutôt que l’espoir, en sont outrés. Plus d’une dizaine de scènes théâtrales en ont fait les frais depuis un mois, d’après le reportage de la presse (quotidien “Kathimeriní” du 3 mars 2018).

Au climat actuel si délétère et néanmoins... passionnant (avec tout son pathos nécessaire) de notre ultime Grèce, s’ajoute ce samedi 3 mars, le suicide en Crète dans la ville de la Canée, d’une femme âgée de 52 ans qui s’est jetée du quatrième étage de l’immeuble qu’elle habitait, et d’après la presse, c’est le quatrième suicide recensé dans la ville de la Canée cette même semaine. Puis, il y a enfin cet incendie qui vient de ravager le bâtiment abritant le Centre des Impôts de Larissa (capitale de la Région Thessalie au nord du pays) à l’angle des rues de Patrocle et Roosevelt (!) ; pour l’instant (samedi 3 mars), l’origine du sinistre reste encore inconnue (vidéo ici).

Et pendant que les Tsiprosaures se déplacent de forum en tribune pour y raconter “que le pays va vraiment mieux”, deux militaires grecs (un officier et un sous-officier) ont été mis en état d’arrestation par les forces armées turques pour intrusion (guère significative en réalité) dans le territoire turc.

Jamais la rupture entre... poisson laïque et poisson onéreux, entre gouvernés et gouvernants n’a été aussi abyssale que des nos jours, on peut même en rigoler, y compris et surtout sur les petites scènes de théâtre d’Athènes, avant, comme après, le passage des grands et des petits voleurs et autres escrocs, c’est aussi de saison.

Parlant d’escrocs, l’insignifiant Fótis Kouvélis, ex-SYRIZA, ex-pseudo-Gauche-Démocratique ayant quitté SYRIZA en juin 2010, ex-membre et allié au gouvernement Samaras (2012), vient d’être nommé vice-ministre de la Défense, suite au remaniement ministériel de la semaine, lequel laisse il faut dire tout le monde indifférent, à part évidemment les intéressés (toujours les subsides), puis, de quelques journalistes. (...)