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Plutôt que des chèques alimentaires … À quand une sécurité sociale de l’alimentation ?
#alimentation #inégalités #agriculture
Article mis en ligne le 31 octobre 2022
dernière modification le 30 octobre 2022

Alors que le gouvernement repousse l’instauration d’un chèque alimentaire, l’agronome Mathieu Dalmais défend la création d’une Sécurité sociale de l’alimentation, qui seule permettrait de garantir l’accès au droit fondamental de se nourrir.

Promesse du candidat Macron, l’instauration d’un chèque alimentaire visant à permettre aux personnes en situation de précarité l’accès à une alimentation durable n’est toujours pas effective. Différents travaux ministériels se sont penchés sur la question, sans réussir à construire un dispositif adéquat.

Et on ne peut que regretter le manque de concertation avec les acteurs engagés dans la transformation de notre système de production et contre la précarité alimentaire, comme le révèle cette tribune. Pourtant, l’inflation court, la planète se réchauffe. L’accès à une alimentation durable relève tout autant d’une urgence climatique et écologique que d’une urgence de justice sociale et sanitaire. Même dans ses versions les plus édulcorées, dans lesquelles il est à peine fait mention de flécher l’utilisation de ce chèque vers des produits durables, celui-ci constituait une avancée majeure dans la façon de traiter la précarité alimentaire en France : donner aux plus démunis la possibilité de choisir, une partie au moins, de leur alimentation. Cela marquait un frein dans le recours à un dispositif, l’aide alimentaire, dont les effets néfastes ne sont plus à démontrer – humiliation, de frustration, ou culpabilité des bénéficiaires. Cela aurait atténué les violences alimentaires en place dans un pays qui refuse d’instaurer le droit à l’alimentation et laisse le complexe agro-industriel récupérer l’aide alimentaire. (...)

Malgré les efforts des 200 000 bénévoles qui œuvrent pour faire en sorte que personne ne meurt de faim en France, l’aide alimentaire sert aujourd’hui de tri des poubelles de supermarchés, de légitimation de la surproduction – 500 millions d’euros de chèque en blanc par défiscalisation en 2020 de la part de l’état pour du gaspillage contre lequel il faut soi-disant lutter – et de maintien d’une population captive pour manger des produits très peu durables, loin de là. Sortir de ce dispositif en permettant à chacun, chacune de choisir son alimentation, comme c’est le cas dans la plupart des pays européens pour les aides aux plus démunis, aurait été un pas non négligeable, que malheureusement le gouvernement ne franchit pas. (...)

Pour autant, l’horizon d’un chèque « alimentation durable », même avec un montant conséquent (minimum 150 euros par mois et par personne) et une bonification pour des aliments durables ne peut être qu’une étape.

Premièrement, rien ne garantit qu’une fois ce chèque mis en place, la transition de production agricole et alimentaire sera possible. L’idée du chèque alimentaire prolonge l’illusion libérale que la consomm’action pourra transformer le système de production, en permettant à tous et toutes de devenir consomm’acteur. Foutaises. Jamais la consomm’action ne permettra de donner un poids suffisant à des dossiers en Safer pour permettre l’installation de celles et ceux qui souhaitent produire une autre alimentation. (...)

Transformer notre système de production agricole et alimentaire (...)

Le projet de Sécurité sociale de l’alimentation, a contrario de l’idée de chèque alimentaire, s’attaque à cet objectif. Il propose de coupler à une allocation alimentaire la mise en place de caisses locales de Sécurité sociale de l’alimentation visant à organiser le débat démocratique sur l’orientation de notre système de production, et d’en assurer la mise en œuvre. De se doter ainsi d’un pouvoir d’agir collectif pour transformer notre système de production agricole et alimentaire.
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