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Plus jamais à l’hôpital : elles ont fait le choix de l’accouchement à domicile
Article mis en ligne le 11 octobre 2018
dernière modification le 9 octobre 2018

Après des séjours difficiles en maternité, ces femmes ont décidé de donner naissance chez elles.

de plus en plus de femmes font le choix de donner naissance à domicile, affirme le Collectif de défense de l’accouchement à domicile (CDAAD). S’il n’existe aucun chiffre officiel au niveau national, l’association avance des estimations tournant entre « 1% et 2% des naissances ».

« Il y a autant de raisons pour ces femmes d’opter pour l’accouchement à domicile qu’il y a de parcours », note le CDAAD. Mais pour une partie d’entre elles, ce choix se fait après un passage à la maternité qui ne les a pas satisfaites.(...)

Expériences traumatisantes
Caroline en fait partie. L’auxiliaire de puériculture a 19 ans lorsqu’elle accouche de son premier enfant. Pourtant habituée à travailler dans ce milieu –elle a fait plusieurs stages dans des maternités– et après avoir scrupuleusement sélectionné son établissement, elle est traumatisée des suites de son accouchement.

« J’étais en plein baby blues, j’ai confié ma détresse au personnel soignant et je n’ai pas eu de réponse. On m’a juste dit : “Puisque vous faites un baby blues, on repassera plus tard.” » Quelques années après, le souvenir est encore vif. « Je pleurais en leur demandant de prendre le bébé, elles soufflaient et refusaient de s’en occuper. »

Malgré plusieurs demandes pour rester une nuit de plus dans l’établissement, elle se retrouve à devoir quitter la chambre à dix heures pile le jour de sa sortie. « J’ai attendu dans la salle d’attente plusieurs heures avant que l’on vienne me chercher, déplore-t-elle. J’ai toujours cette impression d’avoir été la mauvaise élève : celle qui dérange, qui est humiliée et vexée. » Caroline porte un voile, et continue de penser que cela l’a desservie. Malgré tout, elle souligne le fait que le personnel soignant est soumis à des cadences qui rendent difficile le contact humain.

Pour évoquer son deuxième accouchement, Violaine peine à trouver ses mots. « On m’a totalement niée. Je crois que j’ai mis longtemps à comprendre ce qu’était cet accouchement : de la violence. »

Pour son premier enfant, la jeune femme a l’impression d’être écoutée, respectée dans ses demandes. Mais lorsqu’elle accouche pour la seconde fois, tout se complique. Alors qu’elle est pliée en deux par des contractions, la sage-femme qui est de garde lorsqu’elle se rend à la maternité lui lance un « Qu’est-ce que vous faites là ? », en se demandant à haute voix si celle-ci simule. Violaine, courageuse, lui répond ironiquement « qu’elle est là pour une partie de Quidditch ».

La suite est pour elle un enchaînement de moments infantilisants(...)

Leurs expériences ont poussé ces femmes, qui n’avaient auparavant jamais envisagé de se rendre ailleurs qu’à la maternité, à se tourner vers un accouchement à domicile. « Accoucher à domicile, ce n’est pas seulement le choix d’un lieu et encore moins un caprice, une marotte. C’est un choix résultant d’une histoire personnelle, d’une histoire de couple, de besoins spécifiques plus ou moins essentiels », estime le CDAAD.

Juliette a découvert l’existence de cette alternative dans un documentaire. Violaine, elle, s’est penchée sur le sujet en lisant des blogs : « C’est ce qui m’a permis d’assumer ce choix, et surtout de trouver des arguments scientifiques à exposer à mes proches. »

De nombreuses femmes sollicitent directement le CDAAD sur les réseaux sociaux, et l’organisation met à disposition des intéressées une liste des praticiennes et praticiens proposant un accompagnement. Violaine estime que « les gens, globalement, parlent de plus en plus de l’accouchement à domicile, grâce aux médias et aux réseaux sociaux, où les groupes sur le sujet fleurissent »(...)

La plupart des femmes ont eu des difficultés à convaincre leurs conjoints. « Pour Monsieur, les médecins sont des dieux, vouloir accoucher sans médecin, c’était fou », plaisante Blandine. « Cela m’a pris toute ma grossesse de le convaincre, soupire Violaine. Ça a tiqué sévère dans sa famille : je suis passée pour une folle et une inconsciente. » Elle garde la satisfaction que son accouchement à domicile ait été bien pris après la naissance, même par la protection maternelle et infantile (PMI). « Cela a même convaincu deux personnes de mon entourage à faire pareil. »

Pas pour toutes, pas partout(...)

Les personnels de santé ont d’ailleurs l’obligation d’inscrire leurs patientes à la maternité en parallèle, pour qu’elles puissent être prises en charge en cas de souci.

« Je travaille aussi en coopération avec d’autres partenaires qui peuvent entrer en jeu, comme le Samu », reprend Gisèle Piroit. L’hôpital qui se situe dans la zone où elle exerce a même organisé une formation pour rappeler les premiers secours aux sages-femmes qui pratiquent l’accouchement à domicile –une relation qui varie selon les zones géographiques, certains acteurs se positionnant contre l’accouchement à domicile.(...)

Gisèle Piroit prévient néanmoins que cette option n’est pas destinée à toutes les femmes : « Cela concerne un profil particulier, des femmes très autonomes sur le plan médical. Les personnes qui préfèrent être rassurées par un dispositif plus important doivent privilégier la maternité. La patiente ne doit présenter aucun risque, qu’il s’agisse de pathologies physiques ou psychiques » –par exemple en cas de craintes de décompensation psychologique lors de la naissance.(...)

Cette petite « bulle » a été précieuse pour toutes les femmes interrogées. L’impression de ne pas être malade et hospitalisée, mais d’avoir simplement accouché naturellement, dans un environnement confortable et familier : « Deux heures après avoir accouché, je me suis tapée le couscous du siècle, avec le bébé qui dormait sur mes genoux », se remémore Blandine.

Si les accouchements à domicile des femmes rencontrées se sont bien déroulés, ce n’est pas le cas pour toutes celles optant pour cette solution.(...)

Mais que les femmes qui souhaitent accoucher en structure hospitalière se rassurent : Gisèle Piroit rappelle que de gros efforts ont été faits ces dernières années pour améliorer le confort et la prise en charge des patientes.