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Reporterre
Pleins d’énergie, les cheminots espèrent la convergence des luttes
Article mis en ligne le 23 mars 2018

Jeudi 22 mars, entre 300.000 et 500.000 personnes ont manifesté en France contre la réforme de la SNCF et la dégradation du service public. « Macron a détruit les partis politiques. Maintenant, il veut faire sauter le verrou syndical des cheminots. S’il réussit, le reste suivra : la sécu, les retraites », résume un manifestant. Récit.

Paris, reportage

Depuis la scène montée devant la gare de l’Est, une voix de stentor clame aux manifestants : « Est-ce que vous êtes motivés ? Plus fort ! » Une nuée de gilets oranges estampillés SNCF lui répond. La brume des fumigènes plane sur l’assemblée, laissant une diversité de drapeaux syndicaux se détacher : les rouges et jaunes de la CGT cheminots dominent, mais se détache aussi le vert de Sud rail, l’orange de la CFDT, le bleu de l’Unsa ferroviaire et le rouge et noir de Force ouvrière.

Selon la CGT, le cortège national et unitaire des cheminots a rassemblé, hier jeudi 22 mars, 25.000 manifestants sur le trajet gare de l’Est-Bastille-Nation, à Paris. En parallèle, la manifestation de la fonction publique avait pour parcours Barcy-Bastille-Nation et aurait totalisé 40.000 personnes.De son côté, la police a décompté 49.000 participants. Dans toute la France, les cortèges de cheminots et fonctionnaires ont rassemblé 300.00 personnes selon le ministère de l’Intérieur, 500.000 personnes selon les syndicats. Des écoles étaient fermées, quelques lycées bloqués ; le trafic SNCF, où le taux de grévistes était de 35,4 %, selon la direction, était fortement perturbé.

Côté manif’ parisienne des cheminots, au départ gare de l’Est, chacun rappelle aussi d’où il est venu pour manifester : Montpellier, Picardie, Auvergne-Nivernais, Lorraine, Thouars, Calais, Lille, Chartres et Orléans, etc. « On a de la chance, on a tiré le bon numéro, notre TGV n’a pas été supprimé », se réjouit Alain, retraité SNCF syndiqué à la CGT, venu de Romans (Drôme). Mais une bonne partie de ses collègues ont, eux, dû se rabattre sur la manifestation commune avec les fonctionnaires à Valence. Les leaders syndicaux soupçonnent la direction de la SNCF d’avoir à dessein supprimé les trains comportant le plus de réservations de cheminots afin d’affaiblir la manifestation nationale. (...)

« On sent aujourd’hui qu’ils veulent vraiment tout nous prendre. On est montrés du doigt, et j’ai des amis qui me disent qu’on travaille pas beaucoup, qu’on est des privilégiés alors que je me lève à quatre heures tous les matins. » (...)

Si les cheminots dominent, on croise aussi des salariés de chez Renault et Peugeot appelant à la solidarité public-privé, quelques usagers venus défendre « leur » train. Une douzaine de partis politiques de gauche ont aussi appelé à manifester aux côtés des cheminots. Parmi eux le Parti communiste, le Nouveau Pari anticapitaliste (NPA), Europe Écologie-Les Verts (EELV), Nouvelle Donne, Génération-s ou encore le groupe parlementaire France insoumise (FI).

La fanfare invisible enchaine les airs révolutionnaires (...)

« Quand on défend le train, c’est autant une manif écolo que sociale, déclare Jean-Luc Mélenchon à Reporterre. On le défend par rapport à d’autres modes de transport : carbonés, privés, etc. Le service public, c’est un service sobre, moins cher que la compétition des services privés. Beaucoup de cheminots, gens du service public, qui aiment l’État, le partage, sont insoumis. » (...)