
Il s’agit d’une décision historique pour l’Union européenne. Un peu plus tôt, les eurodéputés avaient rejeté un texte-clé sur la réforme du marché du carbone, la gauche le jugeant trop peu ambitieux.
Après ce vote, les véhicules électriques à batterie étant les seuls à satisfaire l’ambition européenne d’émissions automobiles nulles à partir de 2035, ils deviendront de facto les seuls autorisés sur le marché du neuf. L’Europe a imposé dès 2020 un plafond moyen de 95 grammes de CO2 par kilomètre aux constructeurs automobiles, qui devait être encore abaissé de 37,5 % en 2030.
Finalement, l’UE vise ainsi une réduction qui pourrait atteindre 50 % en 2030, puis 100 % en 2035. (...)
Après le résultat, M. Canfin a salué « une victoire majeure » et « une décision historique qui nous mène vers une nouvelle ère, celle de la neutralité climat ».
La décision devra désormais être examinée par les chefs d’Etat et de gouvernement, souligne notre journaliste spécialiste des transports, Eric Béziat.
Dans un marché globalement en recul, les voitures électriques progressent fortement. (...)
Les nouvelles réglementations favoriseront encore plus ces véhicules et pousseront à l’abandon des hybrides et hybrides rechargeables, qui associent moteur à essence et batterie. De quoi inquiéter la filière, qui emploie 14,6 millions de salariés dans l’UE et qui mise encore beaucoup sur cette « technologie de transition ». (...)
Un peu plus tôt dans l’après-midi, le Parlement européen avait connu un coup de théâtre avec le rejet d’un texte clé sur la réforme du marché européen du carbone. Ce texte, qui prévoit l’élargissement du marché d’échange des quotas d’émissions de CO2, mais aussi la suppression des quotas gratuits aux industriels européens et la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne (UE), a été rejeté à la surprise générale par 340 voix (265 étaient pour, 34 se sont abstenus), les eurodéputés Verts et de gauche fustigeant les propositions du Parti populaire européen (PPE, droite pro-européenne) et de Renew (centristes et libéraux) sur le calendrier et les objectifs.
Ce rejet va entraîner une renégociation de ce pilier du plan climat de l’UE en commission parlementaire. (...)
« Coup de tonnerre ! La majorité doit revoir sa copie (…) en raison de règles pas assez ambitieuses. Le climat n’attend pas », a commenté l’eurodéputée Karima Delli (Verts). (...)
Le report à 2034 de la fin des quotas gratuits aux industriels, une « ligne rouge »
Surtout, le compromis proposé aux eurodéputés ajustait également le calendrier pour éliminer les quotas d’émissions gratuits accordés aux industriels européens, à mesure que seront taxées les importations dans l’UE de secteurs polluants sur base du prix européen du CO2. Un amendement du texte, poussé par le PPE et adopté mercredi, exigeait un maintien jusqu’en 2034 de ces quotas gratuits dans l’UE, au nom de la compétitivité des entreprises. (...)
A gauche, on s’indignait plutôt du fait que l’amendement sur le calendrier de fin des quotas gratuits ait été voté à la fois par le PPE et l’extrême droite. « Vous ne pouvez pas chercher le soutien de l’extrême droite pour abaisser l’ambition climatique, et vous plaindre qu’on s’oppose ensuite », a déclaré la cheffe des socialistes, Iratxe Garcia Perez.
Il y a une exception à la fin de vente des véhicules thermiques en 2035 votée par le Parlement européen : les voitures de luxe (Ferrari, etc). Bien sûr, elles sont peu nombreuses, donc les émissions seront limitées, mais pour le symbole et la justice sociale, il faudra repasser pic.twitter.com/6gPS9lc6ZE>