
L’été grec offre parfois encore ce faux goût d’invulnérabilité généralisée, comme dans une démocratie de masse bien trop mûre. Ce n’est qu’un goût certes agréable, et de ce fait “toujours bon à prendre car déjà, nous n’avons plus froid dans nos appartements”, aux dires des athéniens et des autres habitants du territoire helladique, surtout en ce temps des pénombres historiques avérés.
D’autres, prétendent que de nombreux citadins auraient définitivement quitté la ville pour nos campagnes ou pour nos îles à l’instar des voisins de palier, qui bien que propriétaires de leur appartement, ont quitté Athènes pour Chios, leur île dont ils sont originaires. (...)
Et comme dans l’entourage de tout un chacun il y a désormais au moins un nouvel émigrant à l’étranger, il y a fort à parier que depuis quelques mois, de nombreux habitants de la région d’Attique ont quitté les lieux. “C’est pour cela, que cette impression de calme supposé revenu règne autant. La vie et ses apparences, tourneraient avec 30% de la population qui ne s’est pas encore appauvrie. Nous autres paupérisés, soit nous ne sortons plus de chez nous devenant ainsi invisibles, soit nous avons quitté les villes, voire le pays”, affirme D., mon ami journaliste qui vit une fois de plus et de trop grâce à la solidarité de ses amis et de sa famille. Il a retrouvé du travail mais cela ne suffit plus chez nous, cela fera bientôt trois mois que son salaire déjà réduit de moitié comparé à l’avant mémorandum, n’est plus versé par son employeur. C’est ainsi que nombreux sont ceux qui finissent par quitter carrément le pays, “ailleurs, on peut gagner peu mais au moins c’est garanti”, entend-on dire ici ou là en ce moment. Les données statiques et démographiques précises manquent évidemment, mais on peut néanmoins se faire une idée des réalités et des déréalisations en cours, lorsqu’on considère par exemple le nombre croissant d’appartements inoccupés à Athènes et ceci, tout quartier confondu. On n’en saura pas davantage pour l’instant, et encore moins en lisant les dernières livraisons de la presse grecque.
Les journaux du week-end dernier et de ce lundi, préfèrent alors s’attarder sur “les retombées prévisibles du voyage d’Antonis Samaras en Chine et en Azerbaïdjan, car la Chine ne serait qu’un début”, quotidien “Ta Nea”, ou encore épiloguer sur le dernier épisode houleux au “Parlement”, entre les députés de l’Aube dorée et ceux de SYRIZA.
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la crise, le mémorandum et la paupérisation, renforcent les altérités en créant de la différence ou en y rajoutant, la solidarité quasi générale et si possible planétaire prônée par les militants de la gauche, surtout en abusant d’un idiome politique devenu désuet, devient difficile à admettre, le message ne passe plus. Inutile de dire que les adeptes de la “grande altérite” à savoir les Aubedoriens, “s’y retrouvent mieux” avec le situationnisme d’époque. Tout comme, le... Troïkanisme réellement existant, grand adepte de la différence à sa manière, et qui ne fait que fragmenter jusqu’à l’effondrement, l’implosion, l’anthropophagie et peut-être l’explosion à terme, de ce qui en restait du tissu social.
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Du New deal et de la crise de 1929, il était en tout cas question au comité d’économistes hier dimanche à Athènes, et dans le cadre du lancement officiel et programmatique du nouveau parti de gauche “Plan B”. Initié par Alekos Alavanos, il fut en quelque sorte le mentor d’Alexis Tsipras du temps où il avait assumé la direction du petit parti de gauche que fut SYRIZA à l’époque, c’est-à-dire il y a à peine quatre ans. Alavanos qui n’est pas de la dernière pluie politique à gauche et tout court, après avoir quitté le parti de la Gauche radicale, se positionne désormais résolument en faveur de l’abandon de l’euro, pour ainsi prôner, “une véritable politique économique différente”, aux antipodes de ce qui est pratiqué depuis bien longtemps. L’idée centrale serait en somme assez simple mais loin d’être simpliste : la situation et la voie actuelles, nous amènent tout droit à la catastrophe, voire à l’anéantissement. La Grèce, pays-territoire, risque même de perdre les dernières apparences de son existence légale, tandis que son déclin, y compris sur le plan démographique ne fait guère de doute. Il va falloir changer d’orientation, prendre notre destin en main, quitte à le forcer et à nous forcer et ceci bien entendu, sans pouvoir garantir une sortie heureuse. “Il faut nous rapprocher des gens avec solidarité et amour. Au-delà, et en l’état actuel de la situation, nous ne pouvons rien promettre, ni garantir. Le temps des garanties est terminé. Nous introduisons la seule voie alternative possible en passant par l’effondrement si nécessaire, ce dernier serait devenu même inévitable”, a dit Alekos Alavanos, cité de mémoire.