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Pinar Selek : Asile Académique à Strasbourg
par A. Spohr vendredi 22 février 2013
Article mis en ligne le 22 février 2013

Le président de l’Université de Strasbourg, Alain Beretz - les 3 universités ont fusionné - est un forcené de l’innovation. Bien que scientifique de formation, il sait qu’accorder l’Asile Académique n’est pas juridiquement correct. On lui accordera quand même volontiers une mention « summa cum laude » car c’est une très belle innovation que celle-là. A défaut d’être un soutien juridique, elle est hautement morale ou symbolique, au secours d’une victime inénarrable de l’injustice apparemment gratuite d’une justice égarée, devenue folle. Folle d’elle même ? Sûrement pas.

Pinar Selek risque, bien malgré elle, de devenir une icône comme son insupportable destin pousse ses ardents défenseurs à la considérer. Sacré bout de femme turque, d’une solidité à toute épreuve ! Torturée, plus de deux ans de prison, ballotée de procès en procès, tour à tour innocentée et accusée derechef et là, lundi soir, au cinéma l’Odyssée où on lui fait une fête d’encouragement, elle arbore un sourire réconfortant pour ses amis et défenseurs.

Les édiles, maire en tête et surtout l’Université avec des professeurs éminents, des chercheurs, des étudiants tous très engagés derrière le président étaient là pour la soutenir avant un nouveau procès, peut-être le dernier avant la Cour Européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg. A moins qu’elle soit à nouveau innocentée, définitivement cette fois.

La jeune femme doctorante en sociologie et chercheur à l’Université de Strasbourg s’est particulièrement intéressée aux minorités dans son pays, la Turquie et surtout aux militants du PKK. Un travail d’enquête quasi journalistique qui lui vaudra une incarcération en 1998 parce qu’elle refuse de donner ses sources, de dénoncer les personnes qu’elle a interrogées pour sa thèse. (...)
Devant cette courageuse obstination, son cas va s’aggraver opportunément : elle apprend par la télévision, en prison, qu’elle est accusée d’avoir participé à un attentant terroriste (une bombe) au marché aux épices d’Istambul.

On croit la tenir désormais mais une enquête judiciaire scientifique conclut à une explosion due à une fuite de gaz. Pschitt et ouf ! On la libère mais qu’à cela ne tienne, il y aura un procès tout de même puis un deuxième et un troisième.

Conclure à l’innocence ne suffit pas, même par trois fois, et la voilà à nouveau condamnée le 24 janvier dernier, cette fois à la prison à vie avec 36 ans de sûreté. Incroyable ! (...)

Mais pour le moment il s’agit de secourir et de sauver Pinar Selek, pour elle et son père, vieil avocat qui depuis cinquante ans défend les opprimés dans son pays. Il est présent à Strasbourg, exemplaire de dignité. Une émouvante tendresse entre ces deux combattants là !

Mais le moment de la conclusion appartient à Pinar Selek : elle a choisi de lire les paroles d’une chanson oubliée de François Béranger :

Refrain :

Vous n’aurez pas ma fleur

Celle qui me pousse à l’intérieur

Fleur cérébrale et fleur de cœur, ma fleur

Fleur de cœur, ma fleur

Vous êtes les plus forts

Mais tous, vous êtes morts

Et je vous emmerde !