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Peut-on encore désobéir ?
#désobéissance #démocratie #violence #libertés
Article mis en ligne le 10 août 2023

TRIBUNE. En exclusivité sur Politis, plusieurs associations du mouvement écologiste publient une tribune qui pose la question : le simple fait de désobéir au pouvoir pour défendre des conditions de vie dignes sur Terre serait-il en passe d’être considéré par essence criminel pour le gouvernement Macron ?

Face à l’escalade de la répression policière et judiciaire contre les défenseurs et défenseuses du climat, incarnée par la récente dissolution des Soulèvements de la Terre ou encore la violence exercée contre les militant·es lors du blocage de l’Assemblée générale de TotalEnergies fin mai 2023, nous condamnons fermement les tentatives d’intimidation contre les citoyen·es usant de leur droit à la liberté d’expression et d’association. Et nous posons clairement la question : qui le gouvernement protège-t-il ? Et de quel côté se situe réellement la violence ? (...)

En parfaite incohérence avec les propos de façade de la Première ministre qui déclare que les activistes sont « dans leur rôle d’alerter », l’activisme est au mieux dénigré, au pire criminalisé : « écoterroristes » dans la bouche du ministre de l’Intérieur, « imbéciles » dans la bouche des actionnaires. Celles et ceux qui contestent doivent être neutralisé·es – en témoigne encore la violence à l’encontre des opposant·es aux mégabassines, courant mars, et les récentes descentes de la brigade antiterroriste aux domiciles d’activistes. Pourtant, jusqu’à présent dans un État de droit, l’expression de la contestation politique, même sous la forme de la désobéissance civile, bénéficie de garanties et de protection. Face aux tentatives de dérives autoritaires, Michel Forst, rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement, dénonçait auprès de Libération le 31 mai « une dérive vis-à-vis du droit international » et « une méconnaissance des textes internationaux qui légitiment la désobéissance civile ».

L’enjeu ici n’est pas uniquement le réchauffement climatique, mais aussi la protection de nos libertés publiques. (...)

Les techniques de violences utilisées par la police et les services de sécurité privés sur les activistes ne sont pas nouvelles, et le fléau des violences policières et de l’usage de certaines armes dangereuses a touché de nombreuses populations avant d’infiltrer la répression des mouvements politiques. Elles ont été généralisées dans les quartiers populaires, les territoires ultra-marins et aux frontières. Ces personnes subissent la violence de la police de manière routinière, et encore plus lorsqu’elles revendiquent une contestation dans la sphère publique.

La répression d’État s’est cependant massivement étendue aux mouvements sociaux depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. (...)

La violence à l’encontre des citoyens et citoyennes qui protestent est le symptôme d’un gouvernement qui supporte de moins en moins la contestation, aussi non-violente soit-elle. L’enjeu ici n’est pas uniquement le réchauffement climatique, mais aussi la protection de nos libertés publiques. (...)

Les profits sont au-dessus de tout, même des conditions d’habitabilité sur terre, et la promesse du Président de faire de la France « la première grande Nation à sortir des énergies fossiles » sonne plus creuse que jamais. (...)

La répression est aussi judiciaire. Enquête préliminaire avec relevé téléphonique et prise d’empreinte pour des tags à la craie, gardes à vues prolongées, déferrements illégaux, perquisitions abusives ou encore obligations de quitter le territoire (OQTF) pour certain·es activistes. Là encore, il ne semble s’agir que d’une extension des pratiques répressives grandissantes face à toute forme de contestation sociale, telles qu’en témoignent les centaines de gardes à vues abusives et arbitraires lors de la mobilisation contre la réforme des retraites.

Enfin, la répression est désormais administrative avec la dissolution prononcée mercredi 21 juin du mouvement « Les soulèvements de la Terre » au motif équivoque de « provocation à des agissements violents contre les personnes ou des biens », rendu possible par la loi Séparatisme. (...)

L’instrumentalisation de l’arsenal légal anti-terroriste contre des associations et mouvements qui déplaisent au gouvernement est contraire au respect des libertés fondamentales et aux principes démocratiques. Nous ne nous laisserons pas intimider. Nous sommes déterminé·es à continuer de lutter pour le vivant, contre les profits et les entreprises climaticides. (...)