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Greek crisis
Petites fournitures en grève
Article mis en ligne le 7 novembre 2013

À Athènes on manifestait assez massivement ce mercredi sous la pluie, journée de grève générale... symbolique oblige. Hier, les représentants de la Troïka conspués par les manifestants ainsi que par certains passants du jour, avaient été évacués par une autre issue, c’était pour quitter les locaux du ministère des Finances, nécessairement escortés par des policiers.

Certains manifestants, s’agissant essentiellement du personnel de nettoyage du ministère licencié en bloc, ont alors projeté une bonne poigné de pièces jaunes en direction de Poul Thomsen après avoir fouillé dans leurs poches... derrière la Troïka. “Vous avez vidé nos poches, tout ce qui nous reste... voilà... Ce sont ces petites pièces” rugit un homme aussitôt interpelé par la police d’après les reportages du jour.

Car il faut préciser que ces fragments... de l’euro avaient tout juste atteint la voiture du représentant du FMI, provoquant... l’état l’alerte chez les forces de l’ordre. Pauvres gens... le ridicule ne tue pas pour autant, hormis celui de la Troïka ; on comprendra donc qu’elle se méfie de tout et de rien.

Place Omonoia, plus de dix mille manifestants ont cependant répondu à l’appel du syndicat PAME et du KKE (le PC grec), tandis que le gros... amaigri du cortège de la (dite) Confédération Générale des Travailleurs GESEE avait dû renoncer à sa marche jusqu’au “Parlement”. Pourtant, d’autres manifestants (et) certainement “adespotes” ont atteint la place de... la dé-Constitution sous cette même pluie battante.

La symbolique de la contestation fut ainsi sauve, et on dirait presque autant, de l’évacuation cinématographique des scribes des comptes de la Troïka et des... autres Pharaons qui nous gouvernent. Mais alors jusqu’à quand ? Si l’on considère que la intuition populaire ainsi vécue est une ressource... imprévisible, force est de constater que sa “gestion” pose dès lors problème. Car, et ceci chaque jour davantage, les consciences de ce pays sont travaillées et cristallisées comme jamais, sauf à considérer les moments paroxysmiques dans l’accélération du temps historique de notre pays.

Petros, un homme la trentaine passée, a représenté si dignement ce matin dans un café athénien ce matin, la toute nouvelle génération de notre conscience : “J’ai compris. J’ai enfin compris à force de souffrir. Ma femme m’a quitté car je n’arrive plus à gagner ma vie aussi bien qu’avant. Elle a trouvé... plus cher ailleurs ! Elle ne voulait pas se priver de son café en ville, des sorties ou des soldes. Pourtant, je pratique trois métiers... dans la mesure où ils subsistent encore. Je fabrique des bijoux, je suis, aux dires des tous, un très bon mécanicien auto et moto, rien que pour m’amuser je récupère des carcasses parfois et j’en fais des engins qui démarrent au quart de tour. Enfin, je travaille de temps à autre comme chauffeur-livreur. Hier j’ai tourné dans tout Pirée au volant d’un 18t. Mais depuis la Troïka nous sommes payés à hauteur de 30% de ce qui était la norme d’avant, déjà insuffisante. Nos liens sociaux se brisent ainsi de semaine en semaine. Au travail tout le monde fait le maximum pour attraper le pain de la bouche de son confrère. Nous devenons alors anthropophages entre nous.”

D’en haut la Troïka, nous pousse à la guerre civile. Il ne faut pas en arriver là. Au contraire, il va falloir tenir pour réagir au moment venu, tous ensemble.
(...)

la propagande ne passe pas plus comme avant me semble-t-il. C’est en raccompagnant aujourd’hui mon cousin C. dans une clinique privée, et à l’heure de la “grande messe du soir” que j’ai remarqué combien les très nombreuses personnes qui occupèrent son grand salon ne prêtèrent plus aucune attention au mitraillage de la grande chaîne MEGA. Seulement quatre personnes sur vingt-cinq suivaient un peu et encore.

Durant plus de quarante minutes les téléspectateurs... absents ont eu droit à l’habituelle liste noire contenant les mesures en cours ou futures de la Troïka et du “gouvernement grec”. Il a été aussi question de la levée de l’immunité parlementaire des élus de l’Aube dorée et enfin, à la 41ème minute seulement, nous avons découvert un bref reportage d’à peine une minute nous rappelant qu’aujourd’hui certains ont tout de même manifesté à Athènes et ailleurs. Et ce n’est qu’au moment où on nous montra quelques séquences extraites des interventions des députés aubedoriens lors du débat parlementaire, où lorsqu’il fut question enfin des manifestations du jour que certaines personnes ont... finalement regardé en direction du poste, ceci durant un bref moment seulement.

Ce qui est en plus flagrant et pour tout dire relativement nouveau, tient du manque de commentaires émis publiquement. Pas un seul commentaire. Mutisme alors et silence total, c’est désormais la règle dans le métro, comme à la clinique. Les gens s’expriment peu en présence d’inconnus, cela rappelle fort dans un sens le temps des Colonels.(...)