
Nous en croisons à chaque sortie, parfois sans même les voir... Tantôt ils nous agacent, tantôt nous laissent indifférents. Vivant à même le trottoir, ils ne sont pourtant pas malheureux puisqu’ils ont été conçus pour ça. Je veux parler des graffitis et de l’art mural. Si vous vivez en rase campagne, vous aurez très peu d’occasion d’en voir. Mais dans une grande ville, de Paris à Montpellier, les streets-artistes multiplient les concepts pour embellir, ou tout du moins métamorphoser les zones urbaines. Mais voyons un peu où s’arrête le vandalisme et où commence l’art.
(...) le street-art est l’art d’interpeller le passant par un dessin ou un message créatif. Ses techniques sont nombreuses : pochoir, autocollant, affiche, peinture au pinceau, volume... tout est permis. Véritable alternative à l’agression publicitaire, le street-art a gagné de plus en plus de terrain au fil des ans, jusqu’à sortir de l’underground pour pénétrer les galeries et le marché de l’art. (...)

Paradoxe : une fois de plus, ce qui est à la base un art pour l’amour de l’art est devenu un marché, pour certains très lucratif. L’art de rue, c’est aussi le moyen d’imposer un style, un nom, une image et ce là où les publicitaires doivent dépenser des millions d’euros de locations d’espace. De nos jours, les pochoirs de Miss-Tic et de Banksy, les toiles de Speedy-Graphito s’échangent contre des milliers d’euros. Et des galeries des quatre coins du globe font appel à eux... Une contradiction pas si surprenante quand on songe que tout ce qui vient de la rue finit tôt ou tard par se commercialiser. C’est après tout un bon compromis pour vivre de son art. (...)
Malgré tout cet élan, 99,9% des murs restent interdits à la peinture et à l’affichage. Si le street-art trouve sans doute son piment dans le fait de peinturer clandestinement, cet éternel jeu du chat et de la souris, effacements en chaîne à la clé, a sans doute de quoi lasser. Peut-être pourrions-nous ces prochaines années nous inspirer du Brésil qui a dépénalisé ce moyen d’expression « s’il est réalisé dans le but de valoriser le patrimoine public ou privé au moyen d’une expression artistique ». L’avenir nous le dira.(...)