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Pesticides : spermatozoïdes en voie de disparition ?
Article mis en ligne le 6 mars 2014
dernière modification le 3 mars 2014

Selon un rapport de l’Institut de Veille Sanitaire, les pesticides largement utilisés dans les régions viticoles favoriseraient la stérilité. Un point de vue à nuancer pour Vincent Laudet de l’ENS de Lyon.

Sperme et vignes, la mauvaise équation ? Une étude de l’Institut de veille sanitaire (InVS) montre une baisse de la qualité du sperme de près d’un tiers entre 1989 et 2005 en France. La baisse est plus inquiétante en Aquitaine et dans les Midi-Pyrénées, deux régions viticoles, où la concentration en pesticide est donc la plus forte. Pour l’InVS, ces résultats montrent un lien évident entre utilisation intensive de pesticides et baisse de la fertilité. Pour Vincent Laudet, spécialiste des perturbateurs endocriniens et professeur à l’Ecole normale supérieure de Lyon, il faut être prudent face à ces résultats, qui ne peuvent pas faire office de preuve.

Une étude récente de l’InVS pointe un lien entre perte de la qualité du sperme et l’utilisation massive de pesticides. Est-ce prouvé ?

En réalité, même si cette étude est très intéressante, elle ne fait que montrer une corrélation et pas un lien causal. C’est une distinction qu’il est très important de relever. Pour ce qui est des pesticides, c’est très compliqué d’établir un lien causal. A part en cas d’accident industriel ou d’exposition professionnelle très forte, c’est presque impossible. Il y a toujours une multiplicité de facteur qui entre en jeu et qui complexifie l’analyse. C’est très important de rappeler cela car les lobbies industriels vont toujours utiliser cet argument : sans lien causal, passez votre chemin. (...)

Le cas des abeilles est un exemple typique de la complexité de ce type d’études. C’est un cas très compliqué. Déjà, on connaît très mal le système hormonal des abeilles. Ensuite, il n’y a pas qu’un seul facteur qui entre en jeu. L’hypothèse la plus probable est que l’exposition à certaines molécules, dont les pesticides, fait baisser leurs défenses immunitaires et les rend plus vulnérables à certaines maladies. Donc c’est difficile de créer un lien direct et avéré avec l’utilisation des pesticides, mais on peut facilement imaginer un effet par ricochet. Ensuite, comme les abeilles sont exposées sur de très longues périodes à de multiples produits en doses faibles, il est difficile pour les scientifiques d’étudier cela en laboratoire. (...)