
Il n’y a certainement rien de pire pour des dessinateurs, et plus encore pour les caricaturistes, que de devoir expliquer leur création. Charlie Hebdo, une fois encore, entraîne l’indignation du peuple italien, profondément choqué dans son ensemble par un dessin, puis un second, évoquant le tremblement de terre qui a détruit trois villages du centre du pays. Près de 300 morts, plus de 400 blessés. Et une caricature, et une autre, qui provoquent une colère nationale. Selon Daniel Pennac, la liberté d’expression est à défendre, mais la « connerie » est bien là.
Interrogé par La Repubblica, l’écrivain français est sans appel : « La caricature sur les victimes du tremblement de terre est profondément conne. Elle n’est pas drôle, ne fait rire personne d’autre que ceux qui l’ont réalisée : pour un peu, elle ne mérite même pas notre mépris. » Et dans la même veine : « [J]e ne peux que conclure que ces caricatures sont irrespectueuses, face à la douleur, à cette histoire. »
Déplorant que l’on joue avec la mort des autres, le créateur de la fresque des Malaussène souligne que « la première chose à montrer, face à de telles tragédies, c’est l’humanité et la solidarité ». Mais cette affaire de caricature est allée très loin : l’ambassade de France en Italie a été contrainte à se désolidariser totalement, pointant que les positions de Charlie Hebdo ne sont pas celles de la France.
Pour Pennac, pas question de s’amuser ou de rire de la mort. « Ce n’est pas une nouveauté ce style particulier, qui a déjà provoqué en moi un sentiment de malaise à d’autres reprises – et pourtant, je ne déteste pas le journal en soi, pas plus que je n’apprécie les condamnations définitives. » (...)