
A voir s’annoncer la foire d’empoigne sur fond de dette grecque, on comprend qu’il doit rester quelques morceaux de viande sur la carcasse. Il faut pourtant bien les chercher. Voilà huit ans que le pays est en récession et paie un tribut exorbitant pour un plan qui n’a de « sauvetage » que le nom. Huit ans que le programme d’austérité imposé par l’Union européenne asphyxie le pays, lui laissant de temps à autre une bouffée d’air, histoire de prolonger l’agonie.
Pendant ce temps, sur le terrain, les observateurs témoignent de la violence sociale ambiante. A l’image de Yannis Youlountas, réalisateur de plusieurs documentaires sur la Grèce, qui dressait, fin 2016, un inventaire catastrophique : « Des milliers de Grecs et de réfugiés continuent à mourir de maladies non soignées, de drames familiaux et de suicides. Une partie de la jeunesse est plongée dans le désespoir, la mendicité s’étend parmi les retraités et la prostitution alimentaire parmi les mères de famille. » Un tiers de la population ne dispose d’aucune couverture sociale, et le taux de mortalité infantile a doublé.
Les chiffres confirment donc les observations. Par ailleurs, le pays a perdu un quart de son PIB depuis 2010, le chômage est à 24%, culminant à plus de 50% chez les moins de 25 ans. Quant à ceux qui ont un travail, ils ne peuvent que rarement prétendre en vivre dignement. Le revenu disponible des foyers a chuté de 25%1.
Pendant ce temps, en Europe, les discours politiques font mine de vouloir régler la situation. (...)
Et tandis que glose la Troïka (FMI, Commission européenne, Banque centrale européenne), la Grèce inscrit à son budget 5,5 milliards d’euros pour le paiement des seuls intérêts de sa dette... En réalité, le pays n’a pas les poches vides, il est siphonné par des banques étrangères. Ses finances sont englouties par une créance impossible à rembourser, maintes fois dénoncée par le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM)2. (...)