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Paysans bio de Fukushima cherchent terres non irradiées
Article mis en ligne le 23 mai 2011

Shinpei Murakami est paysan. Ses terres, situées près de la centrale de Fukushima, ont été contaminées par la radioactivité. Il a été contraint de tout abandonner, y compris son projet d’écovillage.

Militant contre le nucléaire, il est venu en France, avec Toshihide Kameda, lui aussi agriculteur, pour développer des échanges entre paysans d’ici et de là-bas. Mais aussi pour dénoncer les mensonges de Tepco et l’abandon par le gouvernement(...)

« On nous a toujours dit que c’était 100% sous contrôle », reprend Toshihide Kameda, paysan lui aussi. Militant dans les réseaux anti-nucléaire depuis longtemps, et président de Nôminren, la confédération des paysans de Fukushima affiliée à Via campesina, qu’il a cofondé il y a 20 ans. « Je suis aujourd’hui très en colère, d’avoir été victime de négligences, alors que nous avions prévenu que cela arriverait, dit-il. Nous avions exigé une surveillance renforcée de la centrale en raison des annonces de séismes et de tsunami. Tout cela est inadmissible. » Maraîcher, il cultivait en bio des terres qui appartenaient à sa famille depuis plus de 100 ans. Il s’est finalement résolu à tout quitter, le cœur déchiré. Ne sachant pas quand il pourrait revenir... pour simplement passer, équipé d’une combinaison, récupérer quelques effets personnels. Parce qu’il n’est, quoi qu’il arrive, plus question d’y vivre, encore moins d’y cultiver quoi que ce soit.(...)

L’un de ces paysans déracinés depuis le 11 mars n’a pas supporté le deuil de sa terre, et de son métier. Il s’est suicidé. Mais ni Tepco, ni le gouvernement ne semblent s’en préoccuper. Des dizaines de milliers de personnes évacuées de la zone interdite continuent à dormir dans des grands gymnases. Sans savoir ce qu’il adviendra dans l’avenir. Et quand les paysans sont allés les voir pour savoir ce qu’il fallait faire avec les bêtes abandonnées dans cette zone contaminée, chacun a renvoyé la responsabilité à l’autre.

Les paysans ont donc pris eux-mêmes la décision de retourner tous les deux ou trois jours nourrir les animaux. Pour éviter qu’ils ne crèvent et créent des épidémies. Il fallait traire le lait inconsommable et le jeter ensuite. À même la terre, puisque son évacuation n’était évidemment pas prévue.(...)

« On essaie d’inventer d’autres projets agricoles ailleurs. On est venu en France rencontrer d’autres citoyens, pour réfléchir à des fermes d’échange. Mais nous ne savons pas vraiment ce qu’il faut faire. À part abandonner le nucléaire. De ça, nous sommes absolument certains. » Les décideurs japonais ne semblent pas sur la même longueur d’onde. L’abandon du nucléaire n’est pas pour demain. (...) Wikio