
Par ce temps de grande transformation, nos univers se croisent sans pour autant se rencontrer réellement. La fragmentation sociale règne en maîtresse des lieux et des habitudes, certaines stratégies de l’évitement se généraliseraient, ou sinon, elles deviennent alors... fatales par la faiblesse des faits et surtout des destinées ainsi croisées. Christos, le voisin sort de moins en moins. Rencontré rarement devant l’entée de l’immeuble, il s’empresse d’en finir avec le bonjour jadis si prolongé, “à la grecque”
Malgré nos illuminations de nuit comme de jour, ainsi que leurs allures, notre Parthénon s’est assombri au point de devenir imperceptible pour le plus grand nombre, à l’instar de la plupart des symboles et des emblèmes. Christos l’exprime alors à sa manière : “Durant vingt jours... c’est à pleurer, puis, trois jours de suite on peut enfin rigoler un peu... amertume, alors amertume. Cette année, et pour le 25 mars nous ne suspendrons pas notre drapeau au balcon. Il n’y plus rien à fêter”.
Autrement-dit, durant ce mois de mars Christos a travaillé seulement trois jours et sa famille ne survit que grâce à la retraite de sa belle-mère, Aristomène (qui n’est pas le prince des Messéniens) compris. Christos promène alors Aristomène tenu en laisse matin comme soir, “mon Aristomène se porte bien, sa vie n’a guère changé, une vie de chien, magnifique... en plus c’est un petit chien et il mange si peu, alors tout va bien... mais quant à nous tous...”. (...)
Christos émet même l’hypothèse selon laquelle, “tous ces autres habitants du quartier qui arborent encore nos couleurs pour la fête nationale du 25 mars en l’honneur de la Révolution de 1821 contre l’Empire ottoman, doivent travailler au minimum déjà 21 jours par mois. Cela ne s’expliquerait pas autrement...”.
Lundi 24 mars lors du défilé des écoliers devant le “Parlement”, le centre-ville était bouclé, de même que pour le traditionnel défilé militaire du 25 mars, toujours à Athènes. Et comme désormais c’est aussi de nouvelle coutume au Portugal, les festivités liées aux fêtes nationales ne sont plus... de libre accès, le peuple... qui est décidément de sa fête est tenu bien à l’écart, quelques centaines de mètres des officiels, et les cars des MAT (CRS) bouclent la place de la Constitution et seules les personnes munies d’un laissez-passer délivré par le ministère peuvent y assister.
Immanquablement, l’hybris (démesure et outrance) des régimes de type nouveau, hybris faite à la démocratie (même de façade) à une certaine culture européenne de l’après 1945, surpasse le cadre de la Grèce. Il est donc à craindre que ces nouveaux régimes aient tendance à se généraliser en Europe après les expériences : grecque, italienne, espagnole, et... ainsi de suite. En somme ; nous sommes témoins d’une lancée alors néfaste, si dangereuse pour l’ensemble des peuples de l’Europe qui est en cours. (...)
durant les premières années sous “notre” régime du Troïkanisme intégral ce fut toujours à l’occasion des commémorations liées aux fêtes nationales que les estrades des officiels se firent investir par les citoyens en colère.
Et c’est en 2012 que le dispositif des fêtes nationales... exclusives fut inauguré, non sans provoquer la colère des... indigènes pour ainsi arriver en 2014, où plus grand monde ne se déplace. La fête c’est alors fini. Les participants à la version 2012 et 2013, se souviendront de la colère criée par certains et surtout de l’indignation silencieuse du vieux mendiant handicapé, simplement exprimée par le slogan du jour et de l’année (2012) tenu entre ses deux mains : “Qu’on nous rende notre patrie”.
Lors de la version 2014 de la parodie, il y a eu pourtant de la colère mais disons plus ciblée, celle par exemple des femmes de ménage au ministère des Finances, toutes licenciées depuis plusieurs mois, et celle des anciens de l’ERT, manifestant le 25 mars sur la place d’Agia Paraskevi, près du siège de la radiotélévision investi par la police en novembre 2013, et depuis, par la nouvelle structure DT-NERIT, mise en place par le “gouvernement”. Et pour ce qui est du “grand public”, c’est l’indifférence qui règne. (...)
déclaration des revenus obligatoire - revenus même inexistants - pour les SDF, au risque d’en arriver bientôt a instaurer les sanctions... déjà pressenties car à moitié annoncées, celles... du purgatoire : refuser l’accès aux soupes populaires et autres distributions de vivres pour les récalcitrants qui n’auraient pas voulu se faire dénombrer ainsi par les tenants du camp grec à ciel ouvert.
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Enfin, ce slogan, paraît-il indépassable peint sur une façade athénienne : “L’union fait la force”. Fragments de notre pays... unissez-vous.