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Pas de larmes pour Jeanne Moreau
Article mis en ligne le 1er août 2017

L’actrice française, morte à 89 ans, n’aurait pas voulu qu’on la pleure.

Un soir, Jeanne Moreau se promène en compagnie de membres d’une équipe de tournage sur les bords de Seine. L’un d’entre eux remarque un bateau-mouche. « Regardez Jeanne, le bateau porte votre nom ! », s’écrie-t-il. Jeanne Moreau inhale une bouffée de cigarette. Et alors que tout le monde attend une réaction, une remarque, un sourire en coin peut-être, quelques pas devant eux ils entendent la dame proférer un délicieux : « J’m’en fous. »

Le membre de l’équipe est Julien Spiaut, à l’époque régisseur pour des courts-métrages qui devaient être projetés lors du prochain Festival de Cannes. Quand il me raconte comment Jeanne Moreau l’a envoyé promener, impossible d’en faire quoique ce soit. Personne ne croit que les petites phrases anodines en disent souvent plus long que les autres.

Quelle drôle d’idée que d’éprouver de la tendresse pour une dame que l’on ne connait pas. Encore plus étrange, celle de s’emparer des mots pour écrire à son sujet. La première fois que j’ai vu Jeanne Moreau à l’écran, c’était à dix ans devant Viva Maria ! de Louis Malle. J’adorais ses tenues de music-hall flamboyantes couplées à sa maîtrise de la Gatling. Plus tard, elle réussit à me faire aimer le troisième, le quatrième âge. J’aurais voulu être déjà une vieille dame pour lui ressembler. Son génie, sa classe et son élégance font l’unanimité de la profession et du public, mais n’est-ce pas dans les détails que réside notre attachement profond ? (...)

Jeanne Moreau s’en fout
« J’en ai rien à foutre du bonheur », dit-elle en 1993. Du bonheur, et de ce qui soi-disant en procure : « Les compliments, je n’aime pas trop ça. Ils me mettent mal-à-l’aise. Parce que j’ai mon propre juge à l’intérieur. C’est cette voix que j’écoute. » (...)