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France TV Info
"Paris Match" : une journaliste fait jouer sa clause de conscience et dénonce l’influence de Vincent Bolloré
#journalisme #ingerence #Bollore
Article mis en ligne le 21 février 2023
dernière modification le 20 février 2023

Vivendi, le groupe de Vincent Bolloré, n’a toujours pas officiellement eu l’aval pour racheter le groupe Lagardère dont l’hebdomadaire "Paris Match" fait partie. Pour autant, une journaliste, qui a fait jouer sa clause de conscience, dénonce aujourd’hui l’influence du milliardaire au sein du magazine.

Depuis plusieurs mois, une partie de la rédaction de Paris Match dénonce une reprise en main éditoriale et un management à la hussarde sous influence du groupe Vivendi, désormais actionnaire majoritaire du groupe Lagardère. Avant que cette prise de contrôle ne soit définitivement validée par les autorités de la concurrence de la Commission européenne, des journalistes de Match sont remerciés ou ont été contraints de quitter la rédaction. Une vague de départs qui traduit la profondeur de ce mal-être au sein de cette rédaction qui fête bientôt ses 75 bougies. (...)

Dernier exemple en date, le départ d’Emilie Blachère. Grande reporter travaillant depuis près de 16 ans à Paris Match. Emilie Blachère a décidé de faire jouer sa clause de conscience pour quitter l’hebdomadaire. Un motif prévu par l’article L 7112-5 du Code du travail, mais très rarement brandi dans le droit de la presse. La journaliste estime que la direction de Match a “notablement changé d’orientation” et que cela crée “une situation de nature à porter atteinte à son honneur et à sa réputation”.
Pas d’article sur les protégés de Vincent Bolloré, comme Cyril Hanouna

Face au refus de sa direction de reconnaître la clause de conscience, la journaliste a donc saisi jeudi 16 février les prud’hommes. (...)

"Violence managériale"

À l’instar d’Emilie Blachère, d’autres grandes signatures du journal ont décidé de quitter le journal pour les mêmes raisons. (...)

« Depuis près deux ans, on a assisté à une violence managériale assez inouïe et une série de défaites éditoriales. Des papiers politiques sont censurés. Des articles complaisants sont mis en avant ou retouchés pour plaire à l’actionnaire principal. » (...)

Derrière la crise de la rédaction de Paris Match, des interrogations planent sur l’avenir de l’offre publique d’achat de Vivendi contre le groupe Lagardère. Depuis juin 2022, Vivendi détient 57,35 % du capital de Lagardère. Les autorités européennes de la concurrence doivent valider ou non l’opération avant le 23 mai prochain. Mais en décembre dernier, des enquêteurs de la Commission européenne ont visité Paris Match, entendu des responsables et consulté des ordinateurs pour vérifier que le groupe de Vincent Bolloré n’a pas imposé ses décisions stratégiques et éditoriales avant l’heure. Si Vivendi a effectué une prise de contrôle anticipée, un game jumping dans le jargon commercial, le groupe de Vincent Bolloré pourrait écoper d’une amende théorique pouvant s’élever à 10 % de son chiffre d’affaires mondial et ainsi mettre en danger son projet de création d’un grand média global.