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Basta !
Parcoursup détruit-il l’université publique ?
#parcousup #inegalites #universite #liberalisme #selection
Article mis en ligne le 4 juin 2023

Pour Johan Faerber, auteur de Parlez-vous le Parcoursup ?, l’algorithme d’affectation et de sélection des jeunes aspirant à aller à l’université est avant tout un outil de gestion du manque d’investissement dans l’enseignement supérieur.

Le mouvement de destruction de l’université publique ne date pas de Parcoursup, mais Parcoursup l’accompagne et l’accélère. Parcoursup, c’est un logiciel, un algorithme, en fait un outil de gestion de l’austérité.

Ce n’est pas présenté comme ça, mais plutôt sous couvert de choix, du mérite, de la possibilité… La réalité est que la question de la pression démographique sur l’université du baby-boom des années 2000 n’a pas été réglée, on parle d’environ un million de naissances chaque année alors. Avec la démocratisation de l’attribution du bac dans les années 1980, cela veut dire qu’il aurait fallu créer autant de places dans l’enseignement supérieur. Mais aucune n’a été créée, de même qu’aucune nouvelle université n’est sortie du sol.

En 1990, Lionel Jospin, ministre de l’Éducation nationale, avait lancé un plan de construction de huit universités et d’autant d’instituts universitaires de technologie pour absorber la poussée démographique d’alors. Aujourd’hui, nous n’avons rien de tel. (...)

Il n’y a eu aucun investissement dans l’enseignement supérieur en France ces dernières années, aucune création d’universités. Et dans les universités existantes, il n’y a pas eu de création de postes de professeur des universités, pas de création de postes de maître de conférences, une amplification de la précarisation universitaire sous la forme des chargés de cours. Et les départs à la retraite n’étant pas remplacés, la réalité est que l’on a fermé des postes.

« On crée les conditions d’un marché par l’effondrement du service public »

Parcoursup, mis en œuvre en janvier 2018, n’est dans ce contexte qu’une ruse managériale. (...)

Parallèlement, la réforme des lycées professionnels en cours ne tend pas à améliorer la qualité de l’enseignement, mais au contraire à transformer ces lycées en boîtes d’intérim. (...)

Le bac ne donne plus automatiquement une place à l’université, car toutes les filières sont devenues sélectives. Et l’université est depuis une vingtaine d’années le laboratoire du privé dans l’enseignement. On assiste à une multiplication d’écoles et d’universités privées. (...)

C’est une incitation passive au privé. On crée les conditions d’un marché par l’effondrement du service public. Et on convertit la question sociale de l’accès aux études supérieures en une question psychologique, en la faisant passer sous le sceau de l’échec individuel.