
Le kamikaze qui a tué 72 personnes au Baloutchistan a décimé toute une génération d’avocats qui cherchaient à obtenir justice dans cette vaste région du sud-ouest du Pakistan, frappée par les insurrections et une sévère répression militaire.
L’attentat de lundi, revendiqué à la fois par une faction talibane et par les jihadistes du groupe Etat islamique, semble avoir visé les professionnels du droit, petite communauté très unie à Quetta.
La bombe a été déclenchée dans un hôpital où l’assassinat du bâtonnier de la province, quelques heures plus tôt, avait attiré de nombreux confrères en deuil, fauchant de nombreuses victimes en costume-cravate.
"Nous avons perdu tous nos dirigeants", se désespère Attaullah Langov, ancien secrétaire de l’association du barreau du Baloutchistan, déplorant "un vide qui ne sera jamais comblé de notre vivant".
Au Baloutchistan, la plus vaste et la plus pauvre des provinces du pays, de nombreux groupes armés islamistes, confessionnels ou séparatistes sèment la violence, les autorités civiles sont perçues comme corrompues et l’armée accusée d’exactions.
La zone reste un trou noir pour l’information, la presse internationale n’y ayant quasiment pas accès, tandis que les journalistes locaux exercent dans des conditions particulièrement difficiles. Douze d’entre eux y ont été tués depuis 2008 selon Amnesty International, sans compter ceux qui ont trouvé la mort dans l’attentat de lundi. (...)
Me Jamaldini, membre actif du barreau et fils d’un sénateur, s’est aussi battu pour les droits des femmes, bataille de longue haleine dans ce pays conservateur et patriarcal.
Le jeune avocat Adnan Kasi, qui avait passé son barreau à Londres au début des années 2000, était quant à lui devenu le plus jeune dirigeant de la Faculté principale de droit de Quetta, où il avait introduit plusieurs mesures visant à éradiquer le népotisme et la tricherie. (...)