
Partant du crédit impôt recherche dont les banques ont pu profiter – « Est-ce que ces gens-là ont encore des choses à découvrir dans l’art de nous étouffer ? », interroge-t-il – Jean-Luc Mélenchon bascule sur la question de l’illettrisme. « Nous sommes ce grand pays, tant de poètes, tant d’écrivains, tant de scientifiques, tant de médailles Fields [NdR, récompense saluant des travaux en mathématiques]. Le premier pays au monde pour les médailles Fields. »
Éradiquer l’illettrisme à la fin du quinquennat
Et de poursuivre : « D’où tirons-nous cette indifférence qui fait que nous laissons dans notre pays 2,5 millions de personnes qui sont dans l’illettrisme ? » Son projet : une campagne, « comme cela a été fait dans les pays du tiers monde s’il le faut, et avec leur aide parce qu’ils savent le faire mieux que nous ». Celle-ci aura pour mission de « sortir de l’illettrisme tous les illettrés d’ici la fin du quinquennat qui vient ».
Parce que l’illettrisme, « ce n’est pas être bête, être ignorant, ce n’est pas ne pas savoir, c’est juste de ne pas savoir manier avec suffisamment de fluidité la lecture et l’écriture ». Et d’offrir une aide qui s’opérera sans distinction des personnes, de leur appartenance religieuse ni aucune autre forme de discrimination.
On entend en plat les propos de Marine Le Pen, qui assurait récemment : « Je considère que la solidarité nationale doit s’exprimer à l’égard des Français. Je n’ai rien contre les étrangers, mais je leur dis : “Si vous venez dans notre pays, ne vous attendez pas à ce que vous soyez pris en charge, à être soignés, que vos enfants soient éduqués gratuitement, maintenant c’est terminé.”. » (...)
« Je ne vous cache pas que quand les technocrates et les banquiers s’y intéressent, j’ai toujours un petit mouvement de sourcil », lance Jean-Luc Mélenchon. Et de décortiquer la mesure d’Emmanuel Macron, le fameux pass culture : une sorte de chèque cadeau de 500 €, offert par l’Etat pour le 18e anniversaire, « pour faire de la consommation culturelle ».
Le projet avait été initié, comme Emmanuel Macron l’avait souligné, par le gouvernement de l’ex-premier ministre italien, Matteo Renzi. Mais sa réussite était plus que douteuse.
L’idée ne manque pas d’amuser Jean-Luc Mélenchon : « A mon tour de ricaner et de dire : avant de distribuer des chèques pour consommer de la culture, il faut d’abord la produire. Et la culture, ce n’est pas comme les boulons [...] ça pousse dans les esprits, faut pas brutaliser les gens, sinon ça ne vient pas. » Pour que ne s’opère la création, le candidat estime qu’il importe d’avoir été mis en relation, abondamment, avec des œuvres. Il faut « avoir beaucoup entendu de musique, avoir vu des pièces de théâtre, avoir lu des livres, avoir regardé des statues ».
Mais surtout, « avant la diffusion, qui est très importante, il y a la création ». Et cette dernière ne « tombe pas du ciel ». Pour que les artistes créent, « il faut qu’ils puissent vivre dignement, et par conséquent, la première page d’une politique culturelle, ça consiste à faire en sorte que les créateurs puissent vivre dignement ».
Arrêter de menacer les intermittents du spectacle, et au contraire, « s’en inspirer, pour imaginer ce que pourrait être le statut de créateur indépendant dans d’autres branches de la création artistique : l’écriture, la bande dessinée... » Une intention sociale qui a un coût – « parce que l’autre, 500 € par tête de pipe aux frais de l’État, ça n’a pas l’air de le troubler », dézingue Jean-Luc Mélenchon. (...)