
(...) C’est ce qu’on appelle la projection de Mercator, du nom de Gérard Mercator, géographe des Pays-Bas. Elle date de 1569. Ce n’était pas exactement hier mais enfin me direz-vous, la Terrre n’a sans doute pas fondamentalement changé depuis le XVIe siècle. Ce qui est important, c’est le terme « projection ». La Terre étant plus ou moins ronde, un à plat ne peut être qu’une projection plus ou moins fidèle. Celle de Mercator est la plus utilisée par les navigateurs (c’était le grand siècle de la navigation) parce qu’elle conserve les angles et donc elle permet de reporter sur la carte les angles mesurés au compas (vous savez quand les mecs mettent un par-dessus en hermine et font tourner un compas sur un vieux parchemin à la lueur vacillante d’une chandelle). Cette efficacité maritime explique son succès.
Un problème de distance et de surface
Le problème de la projection de Mercator, c’est qu’elle déforme les distances et les surfaces. Par exemple, l’Afrique et l’Amérique du Sud y paraissent beaucoup plus petites qu’elles ne sont. (Je ne vous fais pas tout le détail parce que c’est un peu fastidieux mais en vrai, la Russie n’est pas plus grande que l’ensemble du continent africain. Si vous voulez mieux comprendre, il y a le site The true size, vous tapez le nom d’un pays, ensuite vous pouvez le prendre et le déplacer sur le planisphère pour vous rendre compte de sa taille réelle par rapport aux autres.) Au final, on a tous grandi avec des versions plus ou moins équivalentes de cette projection. Dans nos chambres, en sous-main sur le bureau, au mur de la salle de classe, dans les livres, dans les journaux à la télé.
Mais à quoi ressemblerait une projection plus fidèle ?
À ça (attention au choc visuel) :
Ça fait bizarre, n’est-ce pas ? Ça date de 1999 (mais ça a été médiatisé à partir de 2016) et c’est le résultat du travail de Hajime Narukawa, un architecte japonais. Il a remporté plusieurs prix et sa carte est en passe d’être considérée comme la plus fidèle. Ce n’est évidemment pas parfait mais c’est ce qui s’en approche le plus pour le moment. (...)
Hajime Narukawa insiste sur le fait que les changements climatiques rendent nécessaire une visualisation différente de la planète. Un des faits les plus intéressants, c’est d’inverser le rapport terre/mer. On voit un grand océan au milieu duquel surnagent des continents dont on perçoit beaucoup plus l’unité alors que dans la projection de Mercator, on a des continents distincts et entre eux un peu de flotte. (...)