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Opération anti-migrants à Mayotte : "Tout est fait en urgence et de manière très violente", dénonce la politologue Françoise Vergès
#Mayotte #sanspapiers #Uwambushu #Darmanin #expulsions
Article mis en ligne le 25 avril 2023

L’opération "Wuambushu" en cours contre l’immigration clandestine et les bidonvilles serait mal organisée et vouée à l’échec selon la spécialiste des Outre-Mer Françoise Vergès. La métropole compte néanmoins sur cette opération d’envergure pour faire baisser l’immigration illégale et apaiser les tensions.

Le gouvernement entend raser plus d’un millier de "bangas", des cases en tôle situées à Majicavo. Les Français doivent être relogés et les étrangers expulsés. "Certains vivent sur cette île depuis 40 ans : ils travaillent, ils ont des enfants qui vont l’école…", dénonce la politologue. "On en parle comme si c’était des personnes complétement étrangères à cet endroit et qu’il faudrait chasser (...).

On devrait remonter aux années 50. C’est de très loin toute une situation qui se met en place et qui explose aujourd’hui. J’entends les paroles apparemment raisonnables d’une opération qui aurait été bien pensée mais qui vient trop tard de toute façon. Tout est fait en urgence et de manière très violente. Imaginez-vous des gendarmes déployés dans tout Paris et, sous nos yeux, on verrait des maisons détruites. Il y a une violence là-dedans". (...)

C’est voué à l’échec cette opération ?

’’Telle qu’elle est menée, elle est vouée à l’échec. On parle de ces gens comme si toutes ces personnes étaient des délinquants. Il est question de chasser des milliers de personnes. Certains vivent sur cette île depuis 40 ans : ils travaillent, ils ont des enfants qui vont l’école... Ils travaillent comme jardiniers, cuisiniers pour des Mahorais qui leur louent d’ailleurs les bangas. On en parle comme si c’était des personnes complétement étrangères à cet endroit et qu’il faudrait chasser parce qu’elles mettent le désordre. Mais, c’est faire fi de la manière dont cette société s’est organisée’’. (...)

Comment expliquer cette approche de la situation ?

"Ca été complétement laissé comme ça pendant des années. L’Etat a tout intérêt à garder Mayotte. Il y a une légion étrangère qui est là depuis 1975. C’est tout à côté du canal du Mozambique qui représente 80% du trafic pétrolier. La départementalisation est aussi voulue par une élite mahoraise, ne l’oublions pas. Et on se retrouve sans avoir pensé à quoique ce soit, avec une situation impossible aujourd’hui. Ça ne se réglera pas".

Quel sentiment domine dans la population ? Un sentiment d’abandon ?

"La population mahoraise a été encouragée à cette stigmatisation de leurs cousins. Les Comoriens, ce sont leurs cousins au sens réel ou métaphoriques du terme. Oui, c’est un sentiment d’abandon. C’est un des départements où la déforestation est la plus intense de tous les départements de France. Il y a un manque d’eau, il n’y a pas de travail, il n’y a pas d’avenir… Vous êtes un jeune éduqué, vous partez. Il y a un sentiment d’enfermement total qui expllique en partie explique la violence. Elle est produite cette violence". (...)

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DIRECT. Mayotte : l’opération Wuambushu est "difficile mais résolue", défend Gérald Darmanin après la suspension de la destruction d’un bidonville par la justice

Pour le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, l’opération Wuambushu doit être maintenue. Et ce, malgré la décision de la justice qui interdit de détruire le bidonville "Talus 2", prévue mardi 25 avril. "L’action menée à Mayotte est la restauration de la paix républicaine", défend sur Twitter Gérald Darmanin, reconnaissant "une action difficile mais extrêmement résolue". Selon le ministre, "ce qui met en danger la population c’est l’insalubrité, l’insécurité et la non-reconnaissance du droit de propriété". Comme l’a annoncé plus tôt sur RMC la porte-parole de son ministère, Camille Chaize, il confirme que le "préfet fait appel de cette décision". Suivez notre direct.

La destruction du bidonville "est manifestement irrégulière", selon la justice. (...)