
Météo changeante, temporalité contemporaine. La Grèce continentale sous la neige, Athènes sous la tempête, d’importants dégâts en Crète. Ponts coupés, villages en partie engloutis sous les eaux et par la boue, véhicules emportés, victimes humaines. “C’est grave certes mais c’est climatique”, me dit-il mon ami Sífis, il est Crétois. “Dans vingt ans, le droit de vote, le suffrage universel auront disparu au profit d’un vote obligatoirement censitaire. D’où d’ailleurs toute cette décadence programmée des dites démocraties occidentales, nos marionnettes grecques qui s’agitent dans le bocal, comme celles des autres. On ne prend plus de la hauteur, c’est terminé.” C’est... rassurant.
Au pays réel et visible le drapeau flotte encore, le vent se lève parfois, nous voilà donc heureux. La mutation instituée par les années de la Troïka depuis 2010, celle de la dite crise grecque, elle-même initiée par l’effarante affaire de la dette souveraine, voilà ce qui modifie le présent, l’avenir, voire, le passé ressenti en ce pays. Une dette il faut rappeler détenue à 75% en interne à la fin des années 1990 et en monnaie nationale, la drachme, et qui s’est transformée en une nuit en dette exprimée en monnaie étrangère, à savoir l’euro, désormais détenue... en externe. Il fallait y penser et la gauche Syrizíste s’y est mise à la fin sous les ordres de la Troïka et avec quel brio pour achever la Grèce, son peuple, sa culture, son identité en passant également par “son” referendum.
Sauf qu’en ce temps de vent alors très mauvais, les cœurs se retournent, on en a comme on dit jusqu’aux trippes. D’après Sífis le Crétois, “dans un contexte alors moins civilisé que le nôtre, Tsípras et les siens, ils auraient été tout simplement trucidés par une foule de plus en plus grégaire, entre mecontents ahuris et désenchantées alors chroniques, lesquels tout d’un coup, ils ne se suicident plus de manière aussi automatique.”
D’où bien entendu toute cette décadence programmée, littéralement sous l’Acropole. Tout y est passé au cours de cette histoire grecque des années sous la Troïka, depuis les désastres sociaux jusqu’aux effondrements successifs des revenus et aux écrasements finalement de l’espoir Sans l’annoncer, la “gouvernance” SYRIZA aurait modifié les règles en matière d’urbanisme autorisant la construction d’immeubles de dix étages, évidemment sous l’Acropole, et ce n’est alors qu’en remarquant “à chaud” s’ériger un premier immeuble de ce type, bien naturellement un hôtel, que l’alerte avait été donnée.
Les riverains, les associations du quartier, l’ordre des architectes s’en émeuvent, tandis qu’au Ministère de la Culture on fait semblant de découvrir l’affaire, de même que le flou artistique quant à l’octroi des permis de construire. “Tout, n’aurait-il pas été contrôlé” précise-t-on, d’après le reportage de la semaine, ou sinon “comment se fait-il qu’un tel immeuble si haut voit le jour, comment un tel permis de construire avait-il pu être délivrée ?”
Le tout, dans l’hypocrisie la plus totale, comme pour tout autre dossier imposé par les globalistes au pouvoir. Le permis de construire est alors provisoirement suspendu, mais étant donné que la construction de l’immeuble est quasi-terminée, il n’y aura pas de démolition possible. SYRIZA aura introduit alors jusqu’au bout le rouleau compresseur de l’affairisme, lequel a envahi les lieux jusqu’aux pieds de l’Acropole. (...)
Entre précarisation, sauve-qui-peut et alors colère allant jusqu’à la haine de la classe politique, le pays réel demeure paralysé. Il faut dire aussi que parmi les jeunes ayant vaillamment participé aux mobilisations des Indignés des années 2011 et 2012, nombreux sont ceux qui ont alors quitté le pays, plus d’un demi-million en tout cas d’après les chiffres cités par la presse. C’est beaucoup, la Grèce compte près de dix millions d’habitants... Syrizístes compris, et ce ne sont ni les plus âgés, largement majoritaires et encore moins les migrants qui iront jusqu’au bout d’une démarche redéfinissant les règles et surtout les enjeux de la vie politique, maintenant que le régime actuel supposé démocratique est définitivement achevé.
Ensuite, les Grecs alors font remarquer que les “protagonistes illustrés” lors du mouvement des Indignés de 2011-2012, les Varoufákis, Katroúgalos et autres Tsakalótos, sont tous devenus par la suite eurodéputés, députés, voire ministres, incorporés de la sorte au sein d’un système politique via la foutaise de la gauche Syrizíste pour ne rien cacher. Et le résultat et autant constat actuels sont terribles : La trahison programmée, le choc permanent, pour que la population ne se donne même plus les moyens psychiques pour organiser sa résistance. En tout cas pour l’instant. (...)