
Dans ce numéro, nous reproduisons une récente chronique de Jacques Le Dauphin qui met en question le maintien de la France dans l’OTAN, question qui n’a jamais eu l’air de tourmenter François Hollande. Gérard Bélorgey énonce les quatre dogmes suicidaires de l’Union Européenne. Yann Fiévet, en bon laïque, trouve fort de café le tintouin médiatique autour du nouveau pape. Qui, comme on s’y attendait, est aussi joliment brocardé dans les chroniques de Jacques Franck, qui se paye aussi Richard Prasquier, du CRIF, Jérôme Cahuzac et Frigide Barjot. Roberto Robertelli nous offre une chronique helvète rafraîchissante à souhait. Le Père Denis (Denis Troupenat) rend un hommage à Chavez, et ridiculise ses contempteurs. Jean-Luc Gonneau s’amuse du monde germanopratin, autre monde clos, qui fait, parfois, le sel de la « vie parisienne ». Jacques-Robert Simon nous alerte sur l’inquiétante évolution du marché des cellules solaires. Serge Grzesik soutient l’idée d’une assemblée constituante. Et en bonus, une création de Pascal Colrat à propos du vampirisme bancaire.
Bonnes lectures !
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Populismes de Gauche
Par Jacques Broda
Entendre l’Internationale à Metz, le 23 janvier 2013, huit mois après les présidentielles, voir les sidérurgistes en luttes, demander - enfin - la nationalisation de la sidérurgie, voir les responsables du Front de Gauche, les travailleurs en lutte, des jeunes (drapeaux rouges en verve), réchauffe le coeur. Ici, nous prenons à contre-pied, le danger du populisme de gauche sur lequel je voudrais m’attarder.
Une nouvelle déception (désillusion, échec) ouvrira la porte à la fusion du populisme de gauche avec le populisme (déjà organisé) de droite. A gauche, il existe un populisme, une forme de pensée qui évite le détour de la pensée, une forme d’action qui évite le détour de l’organisation, une forme de pratique qui évite la théorie, une forme de désir proche de la pulsion. Le populiste de gauche, peut faire vivre en lui des contradictions cruciales : défendre son entreprise mais pas l’emploi pour tous, son métier mais pas tous les métiers, son coeur est à gauche, mais peut-être très ambivalent quant au racisme, la misogynie, l’homophobie.
Nous avons fustigé, dénoncé, critiqué à juste titre le populisme de droite. A l’intérieur de la gauche il existe des avatars extrêmement vivaces qui peuvent très vite basculer vers son extrême si rien du réel ne change et si rien de la conscience de la nécessaire action collective quant à la transformation de ce réel émerge, ce qui exige un effort critique de pensée et d’action. Ici l’action, la stratégie actuelle du Front de Gauche, est salutaire, car elle maintient en éveil les consciences et fédère les luttes. Il nous faut à tout prix éviter l’apathie, l’attente désabusée, la critique désenchantée, stérile du « tous pareils ».
J’ai décrit deux figures types chez les jeunes : « le délinquant passif », et « le résistant actif ». Une étudiante me dit : « Monsieur, c’est plus compliqué, en semaine je suis résistance active, le week-end je suis délinquante passive ». Le populisme de gauche est pris dans une contradiction identique, entre conscience, identités, paroles et pratiques. Véritable bras de fer à l’intérieur du sujet. Il dé-transcende en idéologie la contradiction Capital-Travail.(lire la suite de l’article)