
Au Japon, comme en France, les tâches dangereuses du nucléaire sont confiées à des sous-traitants. Qui sont ces nomades du nucléaire, qui interviennent de centrale en centrale ? Quels sont les risques de la sous-traitance pour leur santé, et pour la sûreté du pays ?
Au Japon, environ 80% des travailleurs du nucléaire sont des sous-traitants, recrutés parmi les couches les plus paupérisées de la population japonaise, raconte Mathieu Gaulène sur lexpress.fr. Ces travailleurs pauvres et non qualifiés effectuent pour quelques jours, parfois quelques semaines, les tâches les plus dangereuses au coeur des centrales nucléaires. Parce qu’ils se déplacent de centrale en centrale, on les appelle au Japon les « gitans du nucléaire » (genpatsu jipushi), du nom d’un livre de Kunio Horie publié en 1984. (...)
En France, ils se surnomment eux-mêmes les « bêtes à doses » ou « bêtes à rems » (le rem est une ancienne unité de mesure de dose de radiation absorbée par un organisme vivant, remplacé de nos jours par le sievert), comme le raconte sur ce blog Philippe Billard, salarié sous-traitant du nucléaire, militant CGT. « Les agents EDF sont devenus les gendarmes du nucléaire : ils ne font que contrôler les sous-traitants. Ils ne pénètrent jamais dans certaines zones, celles où tu prends le quart de ta dose annuelle en deux minutes ». (...)
L’autorité de sûreté nucléaire vient d’annoncer qu’elle allait se pencher sur la question de la sous-traitance. L’ASN entend vérifier notamment que l’entreprise « garde en interne un volume de compétences suffisant pour conserver la maîtrise (de la sûreté nucléaire) et assurer la responsabilité de l’ensemble de la sûreté », a expliqué à l’AFP Olivier Gupta, directeur général adjoint de l’ASN.
Parallèlement, depuis quelques temps,, EDF annonce la ré-internalisation des travailleurs extérieurs, raconte Michel Lallier. « Pas pour préserver leur santé, mais parce qu’EDF s’aperçoit que ce sont eux qui conservent le savoir-faire. Les agents d’EDF partent en retraite vers 55-57 ans, alors que les intérimaires partent plus tard. Aujourd’hui, ce sont eux qui ont les connaissances des machines ».
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