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Reporterre
Nucléaire : pannes en série dans le recyclage du combustible
Article mis en ligne le 2 mai 2022

La France a choisi de retraiter l’uranium qu’elle utilise pour faire tourner ses réacteurs nucléaires. Las, des dysfonctionnements en série ont conduit à un « engorgement non anticipé » de déchets.

Dans l’univers nucléaire, le réacteur n’est que l’arbre qui cache la forêt d’installations, de processus et d’étapes nécessaires avant que le moindre kilowattheure n’alimente l’ordinateur depuis lequel vous lisez cet article. De par leur technicité, ces processus font rarement la Une des journaux, contrairement aux annonces prévoyant la construction d’un, deux, six voire dix réacteurs. Dommage car le nucléaire français dépend entièrement de ce que l’on appelle l’industrie du cycle du combustible — l’uranium qui fait tourner les réacteurs.

À la différence des autres pays recourant à l’énergie nucléaire, la France retraite le combustible usé, c’est-à-dire l’uranium qui a donné son énergie par la fission durant quatre années dans les réacteurs. Ce retraitement conduit à la réutilisation — en faible proportion toutefois, de l’ordre de 10 %. Ce retraitement implique un enchevêtrement de chevilles ouvrières vitales. Corrosion de cuves, « pastilles » de combustible ratées, entassement de déchets... Certaines de ces chevilles dysfonctionnent au point de mettre en péril la filière, via un jeu de dominos. (...)

la vitesse de corrosion de l’un des anciens évaporateurs a surpris Orano. Au lieu des 14 millimètres initiaux, l’épaisseur de la cuve du plus usé d’entre eux atteint par endroits 7 millimètres. « C’est un critère d’arrêt de l’équipement », indique à Reporterre Cédric Messier, directeur des déchets, des installations de recherche et du cycle du combustible à l’ASN. Le plus corrodé des évaporateurs ayant été définitivement placé hors service, l’UP3-A fonctionne désormais aux deux tiers de sa capacité.

Le chantier de remplacement est digne des travaux herculéens propres au nucléaire. Car les évaporateurs doivent être installés dans des bunkers en béton armé de 30 mètres de haut, dont les trois-quarts enterrés, et d’1,5 mètre d’épaisseur. Pour plus de sûreté, les ingénieurs d’Orano prévoient 18 millimètres d’acier inoxydable, 4 de plus qu’auparavant. L’industriel relativise l’ampleur de la manipulation. (...)

Coût du chantier : 700 millions d’euros (...)

Dysfonctionnements dans l’usine gardoise qui retraite le plutonium (...)

problèmes rencontrés par Melox, l’usine de fabrication du Mox à Marcoule (Gard) à un millier de kilomètres de La Hague. Cette installation est au cœur de la stratégie de réemploi du plutonium français. Mais « depuis 2015, l’usine connait un certain nombre de dysfonctionnements et accuse de sérieux problèmes de production », dit à Reporterre Igor Le Bars, directeur de l’expertise sûreté à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). En clair, Melox produit beaucoup plus de pastilles de Mox ratées — des rebuts — que prévu. (...)

« Engorgement non anticipé des lieux d’entreposage de plutonium » (...)

Des combustibles usés moins retraités à La Hague d’un côté, du Mox au rebut, des matières plutonifères qui s’entassent... Cet embouteillage de matières représente l’un des nœuds gordiens du cycle du combustible, que nous explorerons dans le second volet de cet enquête.