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Nucléaire : le gouvernement ignore le stockage des énergies renouvelables
Article mis en ligne le 11 décembre 2018
dernière modification le 8 décembre 2018

Le gouvernement s’entête dans la défense du nucléaire en arguant notamment que les énergies renouvelables sont intermittentes et insuffisantes, explique l’auteur de cette tribune. Pourtant, des possibilités efficaces de stockage de ces dernières existent.

C’est mathématique : si la production électronucléaire reste constante et que la production solaire et éolienne augmente, alors la part du nucléaire baisse. Mais cela implique que la demande électrique augmente parallèlement, sinon que faire de toute l’ électricité produite ? C’est là que le bât blesse. Car les véhicules électriques à batterie, qui ont intrinsèquement une très haute efficacité énergétique, consomment très peu d’électricité. Si 5 millions de véhicules passaient à l’électrique, la demande électrique nationale n’augmenterait que d’environ 2 %. La stratégie misant sur une hausse de la production électrique globale pour baisser la part du nucléaire constitue par conséquent une illusion. Mais c’est la seule qui s’offre aux défenseurs du nucléaire pour respecter la loi française (2015) qui vise à réduire de 75 % à 50 % la part de l’atome dans le mix électrique. (...)

Pour le prophète d’En marche, le solaire et l’éolien constituent simplement de nouveaux marchés, de nouvelles occasions de business, et rien d’autre. Macron est un banquier. (...)

la puissance solaire interceptée par le disque terrestre est elle aussi finie : 175.000 TW. Elle est bien entendu indispensable à l’activité photosynthétique, tant en milieu océanique que continental. Et le taux de conversion énergétique par les capteurs photovoltaïques n’est pas de 100 %. Il faut en outre la stocker, ce qui implique des pertes supplémentaires. En réalité, si l’humanité persiste dans sa gloutonnerie énergétique croissante, elle aura intégralement couvert la surface terrestre de panneaux solaires en seulement quelques siècles, a calculé Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde. Mais au lieu de prôner la sagesse, et donc la sobriété énergétique, ce dernier envisage la construction de centrales photovoltaïques et d’usines sur les autres planètes du système solaire, afin de transformer la Terre en zone résidentielle pour 1.000 milliards d’êtres humains. Le milliardaire étasunien ne voit pas d’autres solutions pour perpétuer le mythe de la croissance infinie. Il a fondé l’entreprise Blue Energy dans cette perspective, projet qu’il estime le plus important de toute sa vie. L’héliotechnoscientisme poussé à l’extrême. (...)

Non seulement la vision macronienne est productiviste, et donc par essence anti-écologique, mais en plus elle repose sur des dogmes nucléocratiques obsolètes. Macron a en effet déclaré le 27 novembre 2018 qu’il était « faux de dire que le nucléaire pourrait être remplacé par les énergies renouvelables, ces dernières étant intermittentes ». Son Premier ministre, Édouard Philippe, ancien lobbyiste d’Areva, en a ajouté une couche le lendemain en affirmant que « tant qu’on ne sait pas stocker l’électricité, on a besoin d’un mix équilibré. On a besoin du nucléaire et des énergies renouvelables ».

Donc, pour Macron et Philippe les 200 GW de Step (stations de transfert d’énergie par pompage) qui fonctionnent dans le monde (dont 5 GW en France) n’existent pas. On peut pourtant les faire fonctionner avec de l’eau de mer, comme l’a si bien expliqué l’association Hydrocoop. La batterie Tesla géante que le groupe français Neoen a installée en Australie pour assister un parc éolien ? Elle non plus n’existe pas. L’île Tesla qui fonctionne au solaire + stockage batterie dans les Samoa étasuniennes ? Idem. Tout comme le système batterie + hydrogène qu’installe le groupe français HdF (Hydrogène de France) en Guyane pour délivrer de l’électricité solaire 24 heures sur 24 et toute l’année. Et puis les études réalisées par le cabinet d’étude Artelys grâce à des outils informatiques sophistiqués et qui démontrent par A + B que les énergies renouvelables peuvent remplacer des réacteurs nucléaires en France sont ignorées. (...)

Et comme il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé, et bien nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Ou plutôt de la piscine à déchets radioactifs.