
Depuis leur création en 1992, Les Cahiers de Global Chance ont consacré 6 numéros sur 31 à la seule question de l’énergie nucléaire.
Pourquoi cette insistance ? C’est l’absence criante et choquante d’expertise indépendante qu’on constate dans ce domaine en France (1) qui nous a logiquement amenés à poser notre regard de généralistes énergéticiens sur les nombreuses questions que suscitent cette filière qui a pris une importance démesurée en France depuis une trentaine d’années.
Domaine réservé des grands corps d’État et des dîners en ville, le nucléaire reste un domaine tabou où, après trente ans de secret quasi absolu, la communication et le marketing se substituent à la transparence et au débat.(...)
Il nous semblait important en effet de permettre aux citoyens, à partir de ce suivi régulier du dossier nucléaire français, de mettre en perspective les informations qui lui parviennent au coup par coup de la presse nationale ou internationale et de confronter la réalité aux discours et aux promesses des uns et des autres.
Au moment où nous allions boucler ce numéro est survenue la catastrophe de Fukushima. Nous avons décidé de publier néanmoins dès maintenant ce travail, alors que la série d’accidents survenus il y moins d’un mois se poursuit sans qu’on puisse en imaginer ni l’échéance ni l’évolution. Il faudra en effet un laps de temps très important pour tirer toutes les conséquences de cette catastrophe. Nous nous sommes contentés d’en tirer quelques premières leçons pour la France en termes de sûreté.(...)
Par contre, nous affirmons avec force dès aujourd’hui, la nécessité, pour les pouvoirs publics de notre pays, de mettre d’urgence au point un plan ORSEC de réponse à une crise nucléaire majeure du genre de celle que connaissent les Japonais aujourd’hui, avec en plus de tout le reste, une grave pénurie d’électricité, plan qui à notre connaissance n’existe pas et dont l’esquisse ne semble pas même envisagée(...)
Ce numéro de Global Chance s’articule autour de trois parties, chacune comportant plusieurs chapitres.
– La première partie traite de l’état de la filière nucléaire mondiale, de son évolution récente et de ses perspectives à moyen terme : où en est-on de la « relance », quelle est la crédibilité des projections officielles, quel est l’état des risques industriels, des risques de prolifération, des risques environnementaux ?
– La seconde partie fait le point sur la situation de l’industrie française dans l’activité nucléaire mondiale (réacteurs, retraitement, activité minière) et analyse les stratégies industrielles, économiques et diplomatiques développées par la France pour tenter d’assurer sa présence sur le marché mondial.
– La troisième partie traite plus particulièrement de l’état et des perspectives du nucléaire français dans le contexte de la politique énergétique et climatique : compatibilité de la politique climatique et de la politique nucléaire, problématique du système électrique engendré par la prééminence du nucléaire, politique industrielle, économie, sûreté, sécurité, gestion des déchets, prolifération, démantèlement.
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