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Nucléaire : la routine et l’enfer
Article mis en ligne le 29 mars 2011
dernière modification le 27 mars 2011

"Il est en grand temps que la démocratie vienne demander des comptes à la technocratie de l’atome."

Ce que l’on apprend au compte goutte sur l’état des réacteurs de Fukushima avant le tsunami est atterrant et devrait amener à un examen de conscience approfondi de tous les partisans de bonne foi de l’atome civil. (...)

Manifestement, la sécurité était devenue une variable d’ajustement des business plan de l’industrie atomique. En tout cas, au Japon, c’est maintenant de notoriété publique. Un « détail » d’abord : Tepco, la société japonaise exploitante de Fukushima n’assurait plus depuis sept mois les six réacteurs de la centrale. Raison invoquée selon l’Afp : « les tarifs étaient trop élevés ». On se pince ou on hurle, mais ce n’est là qu’une broutille.

Le plus ancien des réacteurs de la centrale, le n°1, venait d’obtenir une prolongation de dix années supplémentaires, soit au-delà de quarante ans, et avait fait l’objet, comme c’est obligatoire, d’une inspection pour obtenir le feu vert de l’autorité de contrôle nippone. Des craquelures avaient été officiellement constatées sur le groupe électrogène de sûreté et des travaux devaient y mettre bon ordre.

Mais ça, c’était pour la version officielle. En fait, Tepco avait reconnu, dix jours avant la catastrophe, qu’il avait faussé les données transmises aux autorités de contrôle ! La vérification d’une trentaine de pièces supposées avoir été réalisée ne l’avait pas été. Pareil pour une valve de contrôle de température du réacteur qui n’avait pas été testée , tenez-vous bien, depuis onze ans. (...)

Pour comprendre le contexte, on ne peut pas ne pas souligner ce truisme : ne pas fermer une centrale qui pourrait ou devrait l’être permet d’économiser la construction d’une nouvelle centrale. Une simple décision administrative, un simple paraphe, vaut le prix d’un réacteur neuf. En France, les prochaines visites décennales intéressent 34 réacteurs trentenaires. L’exploitant envisage de les prolonger tous. (...)

De surcroît, une telle décision permet de remettre à plus tard un autre coût : le démantèlement du réacteur qu’on devrait détruire. (...)

Une bonne nouvelle cependant. Une très bonne nouvelle. La décision de Bruxelles de confier la tutelle des « stress tests » sur les 143 réacteurs aux experts nucléaires de la Commission européenne et à l’ENSRG, un groupe indépendant de régulateurs européens créé en 2007. Même si c’est l’ASN qui réalise en France les tests, ceux-çi seront soumis pour validation aux experts européens.

Manifestement, le Commissaire à l’énergie Günther Oettinger estime que des réacteurs ne passeront pas l’épreuve des « stress tests ». Il l’a dit explicitement à plusieurs reprises (...)

une des leçons de Fukushima, c’est que la démocratisation "aval" des radiations à l’Iode et au Césium est bien à l’oeuvre dans l’eau, dans l’air, dans la mer, dans la végétation, les cultures agricoles.... Il est temps que cette démocratisation irradie de ses lumières "l’amont" (1) de la filière industrielle. (...)

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