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Réseau "Sortir du nucléaire"
Nucléaire et crise de la démocratie au Japon
Témoignage sur la situation au Japon par Janick Magne, professeure d’université à Tokyo, citoyenne française expatriée au Japon depuis 35 ans
Article mis en ligne le 2 juin 2013

Du 15 au 17 décembre 2012, l’AIEA tenait à Kôriyama, ville de 330 000 habitants dans la préfecture de Fukushima, une grande conférence ministérielle parfaitement illusoire et mensongère sur la sécurité nucléaire.

Deux mois plus tôt, "Big Palette", l’impressionnant pavillon d’exposition qui abritait la conférence, accueillait encore des réfugiés de la zone interdite . Aujourd’hui, ils vivent dans des cités d’urgence à deux pas du pavillon d’expo. Paradoxe étonnant : à côté des réfugiés à qui il ne reste que les yeux pour pleurer, ces personnalités, dont Delphine Batho, étaient là pour clamer qu’un accident nucléaire se résout fort bien. J’étais venue pour manifester et j’avais sur moi, comme d’habitude, mon fidèle Gamma-Scout (compteur Geiger).

En ville, j’ai noté des chiffres beaucoup trop élevés. Sur plus de 200 mètres, le long de l’avenue qui longe l’université de Jeunes filles de Kôriyama, j’ai mesuré 1µSv/h, ce qui ferait près de 9mSv sur un an. Je lis sur le site de l’ANDRA : " les normes européennes de radioprotection imposent aux industries une exposition limitée du public à 1mSv par an et par personne du fait de leurs rejets dans l’environnement". Cette année, dans la préfecture de Fukushima, la dose admissible pour la population est repassée à 20mSv/an pour les petits et les grands comme on avait déjà voulu l’imposer en 2011. Pour le reste du Japon, c’est toujours 1mSv. (...)

Un expert qui travaille sur la centrale vient de déclarer : "Tepco fonctionne au jour le jour. Ils n’ont pas le temps de penser à ce qui se passera demain, encore moins dans un an", tandis que le responsable de la nouvelle Autorité de Sûreté Nucléaire pense que "s’il y a un nouvel accident, on ne s’en sortira pas". [1]

A deux pas de cet enfer, depuis le 1er avril 2013, la superficie de la zone d’exclusion a diminué. Des villages sont ouverts pour la première fois depuis 2 ans. La population est invitée à venir y passer quelques heures chaque jour si elle le souhaite. Mais pas à y dormir. En effet, la radioactivité y est encore élevée, et disposée en taches improbables (...)

Un groupe de 14 enfants de Fukushima a porté plainte à la cour de justice de Sendai, réclamant leur droit à être évacués et à ne pas vivre dans un environnement radioactif. Leur plainte a été déboutée, même si le tribunal reconnaît la réalité des faits : le gouvernement ne peut pas être tenu pour responsable, partez si vous le voulez, leur a-t-on dit, mais à vos frais. (...)