Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Nucléaire : du risque majeur à la société autoritaire
Article mis en ligne le 6 janvier 2012
dernière modification le 3 janvier 2012

Roger Belbéoch, physicien, était un tenace opposant au nucléaire. Il est décédé le 27 décembre 2011. En hommage, Reporterre reproduit une de ses analyses, toujours pertinentes, sur le lien entre le nucléaire, les accidents, et la démocratie.

(...) Parce que les dangers sont énormes, que l’avenir est hypothéqué comme il ne l’a jamais été par aucune civilisation industrielle, un nouveau risque se dessine : celui de la mise en place d’un ordre musclé pour mieux "gérer" le nucléaire. (...)

L’ignorance massive est nécessaire pour une gestion "douce" des crises nucléaires. Comme les responsables sociaux ne peuvent pas être sûrs de maintenir cette ignorance pendant longtemps ils doivent, et devront de plus en plus, mettre en place des structures d’encadrement incompatibles avec les concepts fondamentaux de la démocratie.

Pour les responsables, l’accident majeur se définit davantage par son impact médiatique que par ses conséquences objectives sur la population.
(...)

la maitrise du risque majeur passe par la maitrise des médias.
(...)

Le contrôle de la communication étant une nécessité pour l’Etat, il se fera, soit par consentement tacite des médias, soit par censure autoritaire. Dans les deux cas le contenu démocratique de la société en sera certainement affecté.
(...)

lorsque les responsables fixent des limites pour les niveaux "acceptables" de rayonnement, cela implique pour ceux qui les établissent ou les recommandent l’acceptation d’un certain nombre de morts. Mais cela n’est jamais explicité et les populations sont tenues dans l’ignorance des risques réels.
(...)

lorsque les responsables fixent des limites pour les niveaux "acceptables" de rayonnement, cela implique pour ceux qui les établissent ou les recommandent l’acceptation d’un certain nombre de morts. Mais cela n’est jamais explicité et les populations sont tenues dans l’ignorance des risques réels. (...)

La protection stricte des individus n’est pas forcément compatible avec une protection de la société dans son ensemble. Comment en démocratie tous ces niveaux d’acceptabilité pourraient-ils être fixés ? (...)
L’existence de la menace de catastrophes nucléaires, que seules de réelles catastrophes peuvent rendre crédible, est la condition nécessaire pour affirmer le pouvoir de ce groupe de décideurs, pour assurer dans le calme le passage d’une société démocratique à une société technocratique de type autoritaire (10). Un certain rituel démocratique est encore possible dans la gestion d’une société fortement nucléarisée. La prise de conscience des nécessités pour gérer socialement les crises nucléaires pourrait faire que ce rituel lui même soit une gêne et doive être abandonné sans que l’on ait demandé démocratiquement à la population de renoncer à la démocratie.

Ebuzzing