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Novembre 1918 : Quand la révolution allemande mettait fin à la guerre
Article mis en ligne le 12 novembre 2012

Les commémorations du 90e anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918 ont en général passé sous silence le fait que la Première Guerre mondiale a pris fin parce que la révolution venait d’éclater en Allemagne. Dans notre pays, beaucoup de personnes ignorent d’ailleurs qu’entre 1918 et 1923 l’Allemagne a connu une situation révolutionnaire avec de nombreux rebondissements.

Une guerre industrielle dans la boue des tranchées

Grâce aux progrès techniques, stimulés par le développement du capitalisme, la Première Guerre mondiale a aussi été la première guerre industrielle. L’industrie de guerre a fabriqué des armes de destruction massives : mitrailleuses, artillerie lourde, gaz asphyxiants. De nouveaux engins militaires ont fait leur apparition : sous-marins, blindés, avions. La reconnaissance aérienne a permis de cartographier les lignes ennemies et d’ajuster avec précision les tirs de l’artillerie. Entre 1914 et 1918, 70% des pertes humaines ont été causées par l’artillerie. La guerre 14-18 a fait, en tout, 9 millions de morts et 8 millions d’invalides, soit environ 6.000 morts par jour !

De 1915 à 1918, les armées belligérantes se sont trouvées face à face sur une ligne de front peu mobile. Les soldats, enterrés dans la boue des tranchées, ont survécu parmi les cadavres, les rats et la vermine. En 1917, des mutineries ont eu lieu dans les rangs des armées française, allemande et anglaise. Plusieurs centaines de soldats français ont été fusillés pour l’exemple. (...)

La révolution s’étend à tout le pays.

Le 6 novembre à Hambourg, 70.000 ouvriers sortent des usines et se rassemblent pour adopter un programme révolutionnaire. Ils décident d’arrêter l’état-major et de s’emparer d’une imprimerie. Le 7 novembre, des conseils ouvriers apparaissent à Wilhelmshaven, Hanovre, Cologne et Munich.

Le 8, le mouvement s’étend à toutes les grandes villes du pays.

Le 9 novembre à Berlin, d’immenses masses ouvrières sortent des usines et occupent le centre ville. La police n’offre aucune résistance et abandonne ses armes. Au grand quartier-général, l’empereur Guillaume II se résigne à abdiquer.
(...)

A deux heures du matin, Scheidemann proclame la « République allemande » devant le parlement (Reichstag). Quelques heures plus tard, devant une foule ouvrière, Karl Liebknecht proclame du balcon du Château (non loin du Reichstag) la « République socialiste libre d’Allemagne ». L’épreuve de force entre le SPD et les révolutionnaires est désormais engagée.

Le 10 novembre, alors que Guillaume II s’enfuit en Hollande, Ebert prend la présidence du conseil des commissaires du peuple et se met en rapport avec l’état-major afin de lutter contre le « bolchevisme ». La décision est prise de signer l’armistice pour désamorcer le mouvement révolutionnaire. La signature de l’armistice, vécue comme une capitulation par la caste militaire et l’abdication de l’empereur ont bouleversé les cartes politiques pour la bourgeoisie qui compte utiliser le SPD pour éteindre l’incendie de la révolution. (...)