
Après la découverte par Franceinfo que les scientifiques alertaient sur les risques de cancer depuis les années 80, avant que le scandale n’éclate, l’avocat des victimes dénonce la recherche du profit au détriment de la santé des Antillais.
"Cette découverte [de la cellule investigation de Radio France] met à nu que le fric l’a toujours emporté sur la santé", a réagi vendredi sur franceinfo Harry Durimel, maire écologiste de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe et avocat historique des victimes du chlordécone, après la découverte de nouvelles archives sur ce pesticide. (...)
Selon cette enquête de la Cellule investigation de Radio France, il a manqué de nombreuses archives à la justice pour pouvoir vraiment comprendre ce que les scientifiques savaient à l’époque. Depuis les années 80, ils alertaient sur les risques de cancer. Selon Harry Durimel, "tout cela porte atteinte à la démocratie et nous nous appliquerons à en faire bon usage "de ces nouveaux documents". (...)
Toutes les entraves sont venues du ministère public et je pense qu’il est temps que l’État se rachète et puisse restaurer la confiance des citoyens dans la justice. Ces révélations qui s’enchaînent vont faire croire que l’État est un bandit, un délinquant, or, je crois en l’État de droit. Il est temps qu’on puisse renouer avec les règles de l’État de droit, avec les valeurs de la philosophie des Lumières qui sont les fondements de la République".
Est-ce que ces nouveaux éléments justifient la réouverture d’une enquête ou d’une nouvelle procédure judiciaire ?
"Nous avons fait appel et la cour d’appel de Paris aura à se prononcer sous peu sur ce non-lieu dont nous contestons tous les fondements invoqués par le juge d’instruction et le procureur de la République. Que ce soit la prescription ou encore que l’Etat ne savait pas. Aujourd’hui plus que jamais, on sait que l’État sait. Il ne pouvait pas ignorer que c’était du poison qu’on parsemait sur les sols et qu’on retrouve aujourd’hui dans nos corps, dans nos eaux et dans toute notre faune et notre flore. Je pense que cette pollution est systémique. (...)