
Devant l’église Saint-Maurice, en plein cœur de Lille, une grande tente a été montée. Les nombreux passants sont rares à s’arrêter devant la banderole rouge qui la recouvre : « Faut-il mourir pour avoir des papiers ? Valls régularisez ! ». Dans l’indifférence générale, trente-six sans-papiers sont en grève de la faim depuis le 2 novembre pour obtenir leur régularisation.
Sous la tente, les grévistes, allongés sur des matelas, se protègent du froid avec des couvertures. Ils sont en majorité Algériens, on compte quelques Guinéens et Thaïlandais. A l’entrée, deux kabykes, Samir et Ryad, sont emmitouflés dans des doudounes pour éviter les courants d’air glacés. Ils ont fui l’Algérie pour des « questions de sécurité ». En France depuis plusieurs années, leurs demandes de régularisation n’ont pas abouti. « La majorité des grévistes sont des gens diplômés et qualifiés, explique Ryad, 28 ans. On a même des infirmiers ! ». Lui-même est titulaire d’un BTS en électrotechnique. « En Algérie, on voyait pas du tout la France comme ça, si on avait su… » Sur le matelas d’à côté, un gréviste de 55 ans, complète la phrase : s’il avait su, il serait allé aux Etats-Unis. « Valls prépare l’élection de 2017 sur notre dos » lâche t-il, dégouté. (...)