
Les autorités ont tout fait pour empêcher le rassemblement pacifique de se tenir. Mais des milliers de personnes sont venues soutenir la Zad dans le calme.
23h30 - La charpente est posée au Gourbi. Un feu de joie illumine la clairière. La cantine rassasie les porteurs.
23h00 - « On est dans les derniers mètres », raconte un témoin au téléphone. Des tracteurs précèdent le cortège, d’autres veillent derrière. La structure est si large qu’elle a du mal à passer sur la route étroite, on coupe les ronces des côtés à la tronçonneuse. « Ce qui se passe est un symbole absolu de la détermination des gens ».
22H30 - Le convoi continue à avancer, raconte un témoin. Les slogans enjoués retentissent : « On est plus chaud que le lumbago », « Charpente, debout, soulève-toi ! », « Des fermettes pour la préfète », « La Zad vivra, la Zad vaincra ». Dans la lumière des lampes frontales, l’euphorie est magnifique.
22h15 En entretien avec BFM et Médiapart, Emmanuel Macron n’ouvre aucune porte de sortie sur Notre-Dame-des-Landes. Il ne laisse comme délai que le 23 avril. « À l’issue de ce délai, tout ce qui doit être évacué sera évacué » (ire le verbatim complet de ses propos ici).
22h00 - « Incroyable », s’exclame au téléphone un témoin. On entend autour de lui des cris de joie. « Une journée qui se finit en apothéose », s’exclame un autre, qui répète, « Mais c’est dingue ». « On a réussi » reprend le premier, « on amène la charpente de la halle, construite cet après-midi, vers l’emplacement même du Gourbi. » Les zadistes et leurs soutiens sont passés à travers les champs depuis la prairie où, cet après-midi, les charpentier(e)s construisaient la structure en bois. Les gendarmes ont quitté le carrefour de la Saulce il y a une heure à peu près. Y sont maintenant positionnés six tracteurs amis, dit « vigilants ». (...)
21h00 - LL - Voici ce qui s’est passé durant les deux dernières heures. Après avoir déposé la charpente dans un jardin à côté des Fosses noires, le jardin des Vrais rouges, une grande partie des personnes qui étaient là et qui avaient apporté cette charpente - il s’agit du campanile, la partie qui sera au-dessus de la future halle d’assemblée et de marché du Gourbi -, donc,une grande partie de ces personnes est repartie vers le carrefour de la Saulce. Là, en y arrivant, on s’est rendu compte que ça chauffait. Il y avait un gros nuage de fumée, un mélange de lacrymogène et de fumigène, des grenades assourdissantes, des grenades de désencerclement. Tout cela se passait au niveau du champ, à côté de la barricade des Lascars. Un gros dispositif de gendarmes, et encore plusieurs centaines de gens dans le champ à recevoir cela. Du côté des zadistes, quelques feux d’artifice étaient lancés, et des projectiles, jusqu’au moment où les gendarmes ont chargé. Là, le moment a été violent, les gens ont été repoussés dans la forêt de Rohanne, avec quelques mouvements de panique, à nouveau des grenades. On a beaucoup entendu crier "Médics, médics", sans savoir vraiment le nombre de blessés qu’il peut y avoir, mais ça donne une idée de la violence de cette charge. Les gens ont donc été repoussés dans la forêt, puis au niveau du champ au niveau de La Wardine, où un groupe d’une quinzaine de charpentiers et de charpentières étaient en train de monter la fameuse halle des assemblées et du marché, la structure qui sera le futur Gourbi. La plupart des personnes se sont retrouvées dans ce champ à se remettre de leurs émotions, à écouter de la musique, à jouer à saute-moutons, à regarder et à attendre de voir ce qui va se passer. Une autre partie des personnes ont profité du retour de l’accalmie pour aller reconstruire la fameuse barricade des Lascars. (...)