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Notre-Dame-des-Landes : lettre ouverte
Article mis en ligne le 28 mai 2014
dernière modification le 25 mai 2014

Un autre son de cloche que celui de l’écho qui a retenti, officiellement, sur la manifestation du 22 février dernier.

Imaginez chez vous, ou près de chez vous, dans votre ville ou dans votre village, un défilé spectaculaire de cinq cent vingt-sept tracteurs prennant place en bon ordre (bravo aux organisateurs).
Imaginez l’arrivée de soixante mille personnes de tous âges, marchant "bon enfant" parmi les chants et les danses.
C’est cela que nous avons vu, nous, les quelques Larzaciens et Millavois venus au rendez-vous. Quelle réussite ! Mais de cela, pas d’images sur les écrans télévisés, ou si peu. Seules sont montrées les images choc de quelques casseurs (une centaine a dit France Info) afin d’annuler la belle démonstration de cette mobilisation citoyenne.

Françoise Verchère, conseillère générale Parti de Gauche et l’une des responsables du CEDPA (Collectif des élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes), co-organisateur, a adressé une lettre ouverte à Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, dans laquelle elle s’interroge sur le dispositif policier et l’attitude des forces de l’ordre.

Monsieur le Ministre de l’Intérieur.
Je vous ai entendu commenter dès samedi soir les événements en marge de la manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et vos propos appellent de ma part quelques réactions et aussi plusieurs questions.

Sur les chiffres d’abord. Vous avez parlé de mille casseurs et de vingt mille manifestants, dont vous avez dit qu’il fallait les différencier des premiers. Je crois décidément que vos services ont un problème avec le calcul, car nous étions beaucoup plus de manifestants et il y avait beaucoup moins de casseurs. Disons qu’on pourrait diviser le premier chiffre et multiplier le second par deux au moins pour approcher de la vérité. Mais dans cette affaire d’aéroport, la vérité est décidément malmenée depuis longtemps...

Sur les fameux casseurs. Je vous avoue que j’ai été très surprise de comprendre que vos services les connaissaient visiblement bien (vous avez donné des précisions sur leur origine, leur positionnement politique) et même qu’ils savaient ce qui allait se passer. Depuis deux jours, les bruits couraient sur des incidents à venir. Les avocats savaient qu’ils risquaient d’être réquisitionnés pour de nombreuses gardes à vue. Samedi matin, au moment où nous étions avec les tracteurs à l’aéroport de Nantes-Atlantique, les policiers présents nous ont spontanément parlé des "blacks blocs", en nous disant « qu’ils allaient gâcher notre manifestation ». Je m’étonne donc que « les forces de l’ordre » n’aient pas été plus efficaces puisque cela aurait dû être leur mission, n’est-ce pas ? Puisque l’on sait désormais interdire un spectacle avant même qu’il n’ait lieu, et puisque nous n’avons pas sur la ZAD mille casseurs ni "blacks blocs", pourquoi ne les avez-vous pas fait arrêter avant leur arrivée ? J’imagine que s’ils sont si dangereux, vous avez certainement des preuves et même des faits graves à leur reprocher ? (...)