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Notre Dame Des Landes : de la ZAD à Occupy Vinci !
Article mis en ligne le 7 novembre 2012

La manifestation nationale de réoccupation de la Zone à Défendre de Notre Dame Des Landes, le 17 novembre prochain, est l’occasion de marquer un tournant net et durable dans la mobilisation contre le projet d’aéroport.

L’opposition au projet d’aéroport ne concerne pas les seuls riverains. Il est donc crucial de parvenir à construire un mouvement "translocal" d’opposition à l’aéroport. Dont le mot d’ordre pourrait être "Occupy Vinci".
Les initiatives de soutien aux occupant-e-s de la ZAD (Zone À Défendre) de Notre Dame Des Landes se multiplient ces derniers jours. Pour autant, la répression brutale qui s’est abattue sur les opposant-e-s au projet d’aéroport ne faiblit pas. Elle se transforme en occupation policière continue et harassante. Jusqu’à présent, le gouvernement n’a montré aucun signe laissant entendre qu’il pourrait renoncer au projet.
La manifestation nationale de réoccupation du 17 novembre prochain pourrait marquer un tournant net et durable. (...)

Ce coup de force est bien sûr une mise à l’épreuve de la capacité des partis de la gauche du PS (EELV inclus) à peser sur le gouvernement et à se constituer comme une force pouvant faire infléchir ses choix politiques – de l’intérieur du gouvernement pour EELV (on pourra alors vérifier si la participation gouvernementale était un choix politique opportun, ou bien s’il ne s’agissait vraiment que d’assouvir des ambitions personnelles) ; et depuis les assemblées nationale et locale pour le EELV et le Front de Gauche. Mais l’enjeu principal réside dans notre capacité collective à construire un vaste mouvement social d’opposition à ce projet d’aéroport. (...)

Dans son texte « Énergie et Équité », Ivan Illich a brillamment analysé comment l’accélération des déplacements engendre de profondes inégalités. La vitesse implique en effet le développement d’une infrastructure spécifique, qui organise, spatialement comme socialement, la discrimination entre les mobiles et les immobiles. Loin d’être synonyme de liberté, l’accélération (et le progrès technique) instaure de nouvelles entraves. (...)

Lutter contre ce projet d’aéroport, et, plus généralement, contre les autres grands projets inutiles (liaison grande vitesse, liaison autoroutière, etc.) implique de relocaliser et ralentir nos imaginaires. Il nous faut collectivement reconnaître que ces infrastructures, qui nous facilitent tellement la vie, sont tout autant sources de discriminations et d’inégalités. L’utopie de la liberté effective de déplacement et d’installation ne se réalisera pas au moyen du progrès technique. La tâche est ici ardue. (...)

Cette relocalisation de nos imaginaires ne se fera pas sans heurts et sans tensions – y compris au sein des mouvements les plus progressistes. L’indispensable horizon de la solidarité internationale y passe trop souvent par les aéroports internationaux. Inventer des formes de solidarité « translocale », autrement dit relocaliser les luttes sans pour autant démondialiser les revendications et les solidarités est le défi auquel ces mouvements doivent désormais s’atteler. (...)

L’omniprésence de Vinci sur l’ensemble du territoire en fait la cible idéale d’actions décentralisées. « Occupy Vinci » pourrait ainsi devenir le mot d’ordre de celles et ceux qui luttent contre l’aéroport de Notre Dame Des Landes. Occupy Wall Street nous a rappelé la puissance de l’occupation des interstices urbains : s’immobiliser durablement dans des espaces de transit et de flux, qui sont tout entiers dédiés au passage rapide permet d’engager des conversations politiques d’une intensité et d’une diversité rares, tout en articulant construction de rapport de forces et réflexion sur les comportements individuels.

En occupant, de manière ponctuelle (chaque semaine, à heure fixe), ou durable ; des infrastructures Vinci (entrées de parking, chantiers, etc.) le mouvement de solidarité avec les occupant-e-s de la ZAD pourrait ainsi contribuer à renforcer la lutte contre le projet d’aéroport, et, de là, sur les alternatives à la crise dont l’aéroport est l’antinomie : relocalisation, défense de l’agriculture paysanne, rupture avec le mythe de la croissance infinie.

Vive la ZAD ! Occupy Vinci !