Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Entre les lignes entre les mots
Nommer la violence, reconnaître ses victimes, briser le silence
Article mis en ligne le 22 janvier 2018

« Pourquoi des hommes agressent-ils sexuellement des femmes, des enfants ou d’autres hommes ? Pourquoi des hommes payent-ils pour des relations sexuelles ? Pourquoi consomment-ils de la pornographie ? Pourquoi battent-ils leur compagne ? Pourquoi tuent-ils leur conjointe et leurs enfants, ou exclusivement leurs enfants ? Pourquoi prennent-ils les armes pour massacrer leurs collègues d’étude, de travail ou des gens à l’église, à la mosquée, à la synagogue, ou encore tirent-ils de façon aléatoire sur des cibles qui leur sont inconnues ? Pourquoi sont-ils des meurtriers en série à caractère sexuel ? »

L’auteur aborde les viols, les meurtres de femmes, la pornographie sous l’angle de la haine des femmes. Il discute de l’impunité des harceleurs et des agresseurs sexuels, de la prostitution et de l’invisibilisation et des prostitueurs, de l’industrie mondialisée du sexe, de la légitimation et la légalisation de cette industrie, des violences dites domestiques, de féminicide, de « culture d’agression ».

Richard Poulin souligne aussi le diktat des apparences, les transformations chirurgicales corporelles, les phénomènes d’hyper-sexualisation, le retour de la femme-objet, la sexualité de performance sous les impacts de la pornographie, les réactions masculinistes aux avancées de l’égalité des droits…

L’auteur analyse les meurtres de femmes, comment des hommes conçoivent leur partenaire comme une propriété, la préméditation, les significations sexistes des violences, les guerres et les lieux de « repos » au profit des soldats, les lieux dédiés « à la suprématie masculine », la construction des femmes comme « objets de désirs » et non comme « sujets de parole ».

Contre les silences imposés, les invisibilisations construites, les réductions des actes à des dimensions psychologiques, le refus de prendre en compte les rapports sociaux de sexe et la domination systémique des hommes sur les femmes, ce livre peut « aider à briser le silence et à réfléchir sur ces masculinités qui exploitent, agressent, violent et tuent… » (...)

L’auteur analyse la pénétration de la marchandise « dans le domaine des moeurs », la mondialisation néo-libérale et les inégalités sociales, la marchandisation des corps et du vivant, « Ce processus de marchandisation opère inévitablement au prix d’une violence sociale considérable ». Il rappelle que la marchandise n’est pas une « chose » mais qu’elle est fondamentalement « un rapport social » et en souligne des effets en termes de chosification, objectification, soumission, subordination, domination ou exploitation. (...)

les marchandises humaines ont la particularité de disposer d’un double avantage – ils sont à la fois un bien et un service – et donc de pouvoir rapporter de deux façons ». Mais l’accès aux marchandises ne peut donner qu’une satisfaction partielle et temporaire « tout en créant une insatisfaction permanente ». Le culte de la marchandise, et ici précisément du sexe-marchandise, participe bien au maintien, voire au renforcement, des rapports sociaux asymétriques, à la poursuite de la domination. (...)

Richard Poulin analyse les rapports entre domination et soumission sexuelle, les rhétoriques sur la « nature féminine », le rôle et les fonctions de la pornographie, le devoir de « performance », les diktats de beauté-jeunesse-sveltesse anorexique- « féminité » exacerbée, les nouvelles prescriptions corporelles, la saturation de l’espace par les corps dénudés (de femme), l’injonction de jouir, l’invasion des représentations sexuelles pornographiques.

L’auteur insiste sur les nouveaux modèles engendrés par la culture pornographique, son rôle dans la constructions des images et des souhaits, des normes et des désirs, ce qui affecte l’estime de soi, « Que des hommes soient capables d’avoir une érection pour des objets synthétiques totalement dociles et jouir en dit sans doute long sur eux en particulier et sur la société masculine en général ».

Derrière une soit-disante libération (pour qui ?) le narcissisme, le culte de la performance, des formes exacerbées du souci de l’apparence, les chirurgies plastiques, les corps comme enjeux et symboles de pouvoir, le déplacement des contradictions et les réaménagements des rapports sociaux pour maintenir, par l’oppression des femmes, un ordre social profondément inégalitaire et agressif.