
Sixième été de ce blog. Paragraphes écrits à la manière d’un testament... à durée indéterminée. Les médias répètent et se répètent au sujet de l’Eurogroupe “réussi” du jeudi soir (15 juin). Les Grecs ne s’y intéressent plus tellement, la vraie vie n’y est guère, et cela contrairement à la mort lente. Donc passons. Heureusement, le Troisième Programme de la radio publique (ERT) a consacré bon nombre des émissions de sa journée au grand compositeur qui fut un temps son directeur, Mános Hadjidákis. Son existence physique s’est éteinte très précisément le 15 juin 1994. Œuvre alors à durée indéterminée ! (...)
En dépit des cacophonies dominantes, le bon plaisir tient autant du grand concert organisé en ce mois de juin, à l’honneur à Míkis Theodorakis et à son œuvre. Décidément, la Grèce subsistante aura in extremis célébré les siens... et finalement, elle-même. Notre siècle nouveau montre déjà ses dents ; tout entracte porteur de joie aide à tenir. “Entracte de joie” ainsi en petit slogan, que l’on découvre parfois signé, tout simplement sur une façade de la ville. (...)
Du côté toujours de la vraie vie, les organisations et fédérations des retraités du vieux pays appellent les leurs à manifester à Thessalonique, à Athènes et à Heráklion (Crète), car “Nous poursuivons la lutte et parce que nous pouvons les stopper”.
Les retraités savent très précisément à quoi s’attendre, lorsque la presse... autorisée (par exemple française), note au sujet de la réunion ‘spéciale Grèce’ (15 juin) des ministres des finances de la zone euro, qu’elle a été “bouclée en deux heures, avec des participants satisfaits à la sortie, ayant - en partie - réussi à surmonter leurs divisions et capables d’annoncer quelques bonnes nouvelles pour Athènes, même si à court terme la vie des Grecs n’en sera pas bouleversée ?”. (...)
“Les Européens ont donc annoncé qu’Athènes, pour avoir ces derniers mois largement rempli sa part du contrat, bénéficiera dans les semaines qui viennent d’un prêt conséquent : 8,5 milliards d’euros, prélevés sur l’enveloppe d’un troisième plan d’aide agréé en août 2015 et d’un montant total de 86 milliards d’euros.” (...)
“Le gouvernement Tsipras a accepté une quatorzième réforme des retraites et une énième révision de l’impôt sur le revenu, des mesures d’austérité supplémentaires de presque 5 milliards d’euros exigées par le FMI et devant s’appliquer après la fin du plan d’aide, à partir de 2019.” (“Le Monde” daté du 15 juin) .
Les 8,5 milliards d’euros “accordés à la Grèce” lui permettront de rembourser plus de sept milliards d’euros de créances arrivant à échéance en juillet... et alors ainsi, nos retraités ont été bien nombreux à manifester une fois de plus dans Athènes en ce 15 juin... sous le regard un peu étonné des touristes. (...)
Notre réalité première ressemble alors à une... “Gueule cassée”, suffisamment dissimulée au demeurant du regard furtif des visiteurs du pays.
La semaine dernière, à Menidi, localité dite populaire de l’Ouest d’Athènes, un enfant âgé de 11 ans s’est écroulé lors d’une fête scolaire, en pleine cour de recréation. Décédé à l’hôpital, l’épisode avait d’abord été assimilé à un malaise grave, l’autopsie a toutefois révélé que la mort avait été causée par une balle “perdue”, tirée en l’air depuis le quartier de Gitans du coin, un coin déjà réputé pour ses divers trafics et où, en temps ordinaire, bien peu se risquent à mettre les pieds.
Les autres habitants se sont... naturellement révoltés, les Gitans de leur côté ont tiré en l’air plusieurs salves de fusils (même) mitrailleurs pour ainsi marquer le territoire de leur anomie institutionnalisée... et quant à la Police, elle n’a pu que maintenir in extremis un semblant de paix civile... dans ces quartiers.
Il y a un mois, (le 13 mai 2017), un train de voyageurs a déraillé près de Thessalonique, la rame a aussitôt percuté un vieux bâtiment avant de s’arrêter. Matthéos Kalopoulos 50 ans, le conducteur du train, Aristidis Kalabalikis, contrôleur de la Régie ferroviaire grecque (OSE), et Dimítris Mikropoulos 44 ans, médecin et passager du train ont trouvé la mort, onze autres passagers avaient été blessés. (...)
La Régie OSE (récemment privatisée au profit du consortium italien “Ferrovie Dello Stato” pour près de 45 millions d’euros), dans un premier communiqué a estimé que “la responsabilité de l’accident incombe au conducteur du train” Mánthos Kalopoulos (“vitesse excessive”), ce que les machinistes contestent à travers plusieurs communiqués dénonçant les manquements... austéritaires en termes de moyens techniques et de personnel, dont le non-fonctionnement des systèmes d’alerte et de freinage automatisés (Rel-FM, le 15 mai) .
Depuis, en gare centrale d’Athènes, une banderole signée : “Les conducteurs de train”, rappelle aussi certaines évidences : “Eux, ils parlent des profits et des pertes. Nous, nous parlons des vies humaines”. (...)
de l’autre côté du miroir décidément déformant, le “Futur parfait” se compte en fermetures de boutiques, en “Traces du commerce”, ou sinon en “Zéro euros”. Réalités économiques et sociales palpables, tel un testament... à durée indéterminée.
Place de la Constitution toujours, les limousines et ces rares journalistes attentent les officiels devant l’entrée du ministère des Finances, déjà que “les Européens ont donc annoncé qu’Athènes, pour avoir ces derniers mois largement rempli sa part du contrat”.
Le cynisme SYRIZA restera je dirais, dans les annales des lieux de mémoire de la (supposée) démocratie à l’occidentale, autant que dans celles de la destruction méthodique des droit sociaux, des droits liés du travail, comme du travail lui-même. Non loin du Ministère des Finances à Athènes, et sur la façade arrière de l’enseigne Public (sorte de “Fnac” athénienne), une affiche du syndicat de la branche librairie, papier et édition, informe les passants et potentiels clients de certaines pratiques alors immondes... et d’arrière boutique précisément chez Public. (...)