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Greek Crisis
Néo-Europe et la mutation grecque
Article mis en ligne le 29 mars 2014

Nos regards changent, le lien social s’essouffle, et les nombreuses petites histoires de la souffrance ordinaire se banalisent. Comme celle de l’entrepreneur endetté qui s’est suicidé cette semaine au sud d’Athènes, se jetant du balcon de son immeuble devant ses enfants. Au préalable... il avait sectionné ses veines, “mais pas suffisamment” d’après le reportage.

(...)Les manifestations sporadiques de ce printemps sans peuples se terminent toutes dans la répression et notamment dans l’indifférence en ce moment. À l’instar des enseignants de l’école publique ; parmi eux, certains ont été déjà licenciés cette semaine, il y aurait un début à tout finalement, y compris au démantèlement du statut des fonctionnaires. Mais la situation reste disons “contrôlable”, la paix régnerait.

La Grèce donc et au dire de tous les observateurs, a sombré dans un chaos jusqu’à présent contrôlé, initié par les tenants de “son” nouveau régime politique, devenu officiel et permanant depuis l’installation en 2010, de la Troïka à Athènes. Tout tend d’ailleurs à démontrer, que c’est pour la “longue durée" (...)
Utilisant le biais d’un État grec et de son système politique, toujours plus satellisés, la Troïka, à force de concentrer sur elle-même l’essentiel des pouvoirs, est parvenue à s’immiscer en chaque chose jusque dans les moindres aspects de la vie privée des “citoyens”, et d’emblée à l’essentiel : la survie de tous (et contre tous). (...)

Le pays compte désormais plus de 30% de chômeurs, 65% de chômeurs chez les jeunes, tandis qu’il a perdu plus d’un tiers de son industrie et un quart de son PIB en moins de quatre ans. Les salaires très bas ne dépassant guère les 500 euros par mois pour un temps de travail plein se généralisent, tandis que l’abolition pratiquement de l’ensemble des Conventions collectives ont transformé le salariat, ainsi que les relations humaines, devenues ainsi, plus “anthropophagiques” que jamais. (...)

Immanquablement, l’hybris (démesure et outrance) des régimes de type nouveau, hybris faite à la démocratie (même de façade) à une certaine culture européenne de l’après 1945, surpasse le cadre de la Grèce. Il est donc à craindre que ces nouveaux régimes se généralisent en Europe (s’agissant de l’UE, y compris celle des pays fondateurs), suite aux expériences : grecque, italienne, espagnole, processus sans fin ? En somme ; nous sommes témoins d’une lancée supposée alors inéluctable, si dangereuse pour l’ensemble des peuples de l’UE qui est en cours.

La stratégie du choc analysé et décrite par Naomi Klein aurait donc fonctionné, du moins dans un premier temps, mais qui s’éternise : la montée d’un capitalisme du désastre, qui commence par traiter des méthodes de chocs régressifs utilisant des chocs psychologiques amenant à une régression du sujet. Conclure certes, sur un tel processus historique en cours relève de l’illusoire. (...)
Étant donné la concentration du pouvoir au sommet des sociétés de grande envergure, l’élite a un intérêt personnel à préserver le statu quo, car elle continue ainsi de prospérer dans les temps difficiles longtemps après que l’environnement et le peuple ont commencé à souffrir. Bien que la terre soit jonchée des épaves des civilisations passées, globalement, l’entreprise a néanmoins continué à prendre de l’ampleur” (“La fin du Progrès ?”, Paris, Éditions Naïve, 2006). (...)

Cela ressemble fort à ce qu’avait été l’avancée parasitaire des colons d’un bout à l’autre du continent américain (supposons) en d’autres temps. (...)

En paraphrasant le philosophe Günter Anders (“L’Obsolescence de l’Homme”), on dirait que le rapport entre les citoyens et la “démocratie” devient unilatéral, la “démocratie” ni présente ni absente, est alors un “fantôme”. (...)

“L’Homo sapiens possède l’information nécessaire pour admettre ce qu’il est : un chasseur de l’âge glaciaire à moitié évolué vers l’intelligence - astucieux sans doute - mais rarement sage” (Ronald Wright). Ère de chaos ?