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Rue 89 / Nouvel Observateur
Mos Maiorum : en deux mots, l’Europe fait du sans-papiers un barbare
Article mis en ligne le 10 octobre 2014

Depuis quelques semaines, un document officiel, émanant du Conseil de l’Union européenne, tourne sur les réseaux d’aide aux migrants et aux sans-papiers, à l’initiative de l’association britannique Statewatch.

Une rafle d’ampleur du 13 au 26 octobre

Ce document [PDF] annonce la tenue prochaine d’une opération de police appelée Mos Maiorum contre les migrants en situation irrégulière et « le crime organisé ».

Menée sous la présidence de l’Italie et avec les pays de l’espace Schengen qui se porteront volontaires, Mos Maiorum se déroulera du lundi 13 au dimanche 26 octobre. Elle vise à « arrêter les migrants en situation irrégulière et rassembler des informations utiles au renseignement et à fin d’enquêtes ».

Outre les arrestations, l’Union européenne espère donc collecter des données sur l’immigration clandestine en Europe. Elle demande explicitement aux pays participant à l’opération de noter, pour chaque personne arrêtée :

le profil (nationalité, genre, âge, point et date d’entrée en Union européenne) ;
les chemins empruntés pour arriver en Europe ;
le modus operandi (« faux papiers saisis, demande d’asile, signes que l’individu est un passeur, nationalité et pays de résidence des facilitateurs, somme versée par chaque immigrant »)

Des noms latins ou grecs

De telles rafles ne sont pas rares en Europe, comme l’explique par e-mail Chris Jones de Statewatch, l’association qui a fait fuiter le document. (...)

ce nom n’est pas un acronyme, il n’est pas descriptif, il renvoie à un imaginaire bien précis, celui de la valeureuse Rome d’avant la décadence.

Il dit explicitement que la politique migratoire est une affaire morale, de défense des valeurs. Pour Mos maiorum, il faut défendre les « mœurs des Anciens », leur piété et leur haute moralité, face à la déferlante des barbares à nos portes. Il indique une mentalité de forteresse assiégée, qui lutte pour défendre la pureté de sa civilisation contre le chaos qui déferle.

Il redit clairement que, pour au moins une partie des pays de l’Union européenne, la politique migratoire est bien une histoire de « choc des civilisations ».